Une classe Montessori dans le public

Une expérience est actuellement menée dans une école maternelle de ZEP dans la cité des Luths à Gennevilliers (92) : Céline Alvarez, éducatrice Montessori, a décidé de devenir prof des écoles pour amener cette pédagogie en école publique. Le projet est lancé depuis 2 ans et les résultats sont très bons, tant en matière d’apprentissages académiques que de bonnes relations dans la classe.

Au vu des infos présentées dans les films et les articles (voir en bas de message), on peut observer l’environnement assez spacieux de la salle de classe, un des besoins fondamentaux mis aussi en avant par Bernard Collot, par exemple dans un de ses derniers billets de son excellent blog (http://education3.canalblog.com/archives/2013/11/27/28525195.html).

Contrairement à la cérémonie chuchotée et l’apprentissage solitaire qu’on imagine parfois en école Montessori, on voit que les enfants interagissent ensemble. L’enseignant accompagne les enfants selon leurs besoins et n’est plus dans un rôle de pourvoyeur de leçons et de devoirs pour tous les enfants en même temps. L’atmosphère est celle d’une ruche tranquille où chacun s’active de façon autonome.

Commun à beaucoup d’approches alternatives, le multiâge permet certes aux plus jeunes d’être stimulés par la curiosité vis-à-vis de ce que font les plus grands… et aux plus grands de consolider leurs apprentissages lorsqu’ils expliquent quelque chose à leurs camarades. De plus les âges variés diminuent grandement les occasions de compétition qui stressent et rendent l’apprentissage moins efficace.

Ensuite on peut se poser la question de la nécessité du matériel, d’un matériel certes bien pensé et qui semble académiquement efficace, mais qui peut aussi éloigner des propres sujets d’intérêt de l’enfant, le risque étant de diminuer la connexion à soi. Néanmoins, cette expérience est remarquable et mérite d’être amplement saluée.

978-2-916032-18-4On retrouvera les fondements de la pédagogie Montessori dans notre livre “La pédagogie Montessori” (www.editions-instant-present.com/la-pédagogie-montessori-p-46.html)

Petite vidéo de quelques minutes : http://www.youtube.com/watch?v=KdrXWDFULXQ

Article dans “Le café pédagogique” : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/04/23042013Article635022982296230018.aspx
Explications par l’enseignante : https://eduscol.education.fr/experitheque/consultFicheIndex.php?idFiche=8638
Le blog de l’école avec de nombreuses vidéos : http://lamaternelledesenfants.wordpress.com.

Données scientifiques : l’accouchement à domicile en danger, appel à contribution

felix-aAppel à celles et ceux qui se sentent concernés par l’accouchement à domicile !
Contribuez à une réponse aux personnalités de l’obstétrique qui menacent la liberté d’accoucher chez soi.

Pourquoi c’est important ? Parce que connaitre l’argumentaire des opposants permet, dans le meilleur des cas, un véritable dialogue, et, dans le pire des cas, de ne pas se laisser influencer par un discours paternaliste et infantilisant.

Apportez vos chiffres, vos références, votre lecture…

Voici ce dont il s’agit :

Le Dr Chervenak est un obstétricien renommé aux USA. Il est très impliqué dans la lutte contre l’accouchement à domicile. Dans un article récemment paru, qu’il a présenté en Juin 2012 au Congrès de Médecine périnatale à Paris (à télécharger ici : chervenakal2013), il enjoint vigoureusement les praticiens de santé obstétrique à décourager tout projet d’accouchement à domicile (AAD).

Joignons nos esprits critiques pour examiner dans le détail ses arguments, en identifiant ceux qui sont fallacieux tout en considérant ceux qui sont légitimes.
C’est une double nécessité :
– d’une part parce que les médecins qui vont relayer le discours du Dr Chervenak ne prendront hélas pas tous le temps de vérifier les sources de ce dernier
– et d’autre part, parce que si le Dr Chervenak a effectivement identifié une source réelle de danger pour la mère ou l’enfant dans le cadre de l’AAD, il est nécessaire de fournir cette information aux mères qui projettent d’accoucher chez elles afin qu’elles prennent leur décision en connaissance de cause, suivant le principe du consentement éclairé.

Voici ce que disent, en résumé, le Dr Chervenak et ses collègues :
– un professionnel qui soutient l’AAD agit de façon irresponsable
– le risque de décès du nouveau-né est multiplié par 2 à 3 dans le cas d’AAD. Il ne cite qu’une seule étude pour étayer cette estimation, l’étude de Wax et al. 2010, que nous examinerons plus bas
– lorsque le transfert hospitalier en urgence est nécessaire, le risque de mortalité périnatale est multiplié par 8. Notez qu’il s’agit là d’une étude australienne où les distances à parcourir pour arriver à l’hôpital sont conséquentes.
– Il affirme que le taux de transfert hospitalier en cours de travail correspond à 17% des multipares et 49% des nullipares (chiffres des pays-bas).
– Toutefois, les auteurs ne sont pas parvenus a trouver de différences significatives concernant le risque pour le bébé et pour la mère aux pays-bas entre les naissances prévues à la maison et les naissances prévues à l’hôpital. Ils se penchent sur les chiffres australiens cités plus haut. Ces chiffres ne montrent pas non plus de différence, sauf dans le cas de décès par asphyxie in utero (au cours du transport peut-on supposer).
– Les auteurs notent que l’absence d’un système de transport adapté au travail en cours augmente potentiellement le risque associé au transfert hospitalier (on ne peut qu’être d’accord).
ils considèrent que la responsabilité médicale de prendre soin de la parturiente et du bébé ne doit pas être subordonnée aux droits des femmes de prendre des décisions concernant leur corps.
– Il affirme qu’un professionnel de santé ne peut pas considérer l’AAD comme “médicalement raisonnable” et que sa responsabilité professionnelle lui interdit de participer à ce type de projet.
– Ils concluent en écrivant que les partisans de l’AAD sont un exemple frappant de ce qui se passe quand l’idéologie remplace le jugement professionnel*.

Concernant la seule étude qu’ils citent pour leur argument central, à savoir que le risque de décès du nouveau-né est multiplié par 2.87, les auteurs de l’étude (Wax et al., 2010 , à lire ici : wax et al ) mentionnent que les échantillons sont faibles pour considérer que le chiffre est fiable, mais qu’il est essentiel de réaliser de nouvelles analyses afin de vérifier ce chiffre et, le cas échéant, pour pouvoir identifier les facteurs de risques et ainsi réduire ce taux de décès. On ne peut qu’être d’accord. Les auteurs montrent par ailleurs que tous les autres risques pour la mère et le fétus dans le cadre d’une naissance à domicile sont soit équivalents, soit significativement inférieurs à ceux observés dans le cadre d’une naissance à l’hôpital. Pourtant, les auteurs ne peuvent pas être soupçonnés, si on en croit le ton de l’article, d’être favorables à l’AAD.

On peut télécharger ici les textes des articles de Chervenak et al. et de Wax et al. chervenakal2013 , wax-etal

*j’y vois un bel effet de “c’est celui qui dit qui y est” puisqu’ils ne mentionnent à aucun moment les bénéfices démontrés pour la mère, y compris ceux qui sont détaillés dans l’étude de Wax et al., sur laquelle ils s’appuient pourtant fortement. Le choix d’un langage sensationnel (on pourrait s’amuser à compter le nombre d’occurrences des termes comme “professional”, “responsability” et “compassionate”) déroge en soi au formalisme scientifique auquel les auteurs font appel dans leur argumentaire.

Le quotidien a pris un petit coup de jeune !

p19Avez-vous noté la réédition du quotidien avec mon enfant de Jeannette Toulemonde ? Paru pour la première fois en 1983 sous le titre Place à l’enfant !, le livre est rapidement devenu un classique pour ce qui est de l’adaptation des grands principes de la pédagogie Montessori au petit enfant. À l’occasion de ses 20 ans, l’équipe de l’enfant et la vie lui a donné un petit coup de jeune, avec aussi quelques nouvelles illustrations signées BrightEyedMum.

quot2013

Le quotidien avec mon enfant, adapter l’environnement du petit enfant suivant la pédagogie Montessori, de Jeannette Toulemonde, 225 page, 19 €. (+ d’info, boutique)

 

des Blocs d’Or pour les filles ?

Et pour continuer sur le sujet des blocs de construction, vous avez vu cette publicité pour la marque de jouets “GoldieBlox” (“blocs d’or”) ? la voici, elle est vraiment réjouissante :

(Vous pourrez trouver une traduction des paroles sur : www.madmoizelle.com/goldieblox-petites-filles-jouets-feminisme-212639)
La note d’intention de la marque dit en substance : “Nous sommes une compagnie de jouets qui veut montrer au monde entier que les filles méritent mieux que des poupées et des princesses. Nous croyons en la force de la féminité et que les filles vont – littéralement – construire l’avenir.”
GB_Box_v6_6_2013
On ne peut bien entendu, qu’être d’accord, mais je garde une certaine ambivalence : est-ce que ce seraient les parents ou les enfants qui sont supposés avoir besoin de Boucle d’Or sur la boite pour qu’une fille reçoive un kit de construction scientifique ?
Est-ce que, plutôt que de les dénoncer, n’est-ce pas participer encore plus, et d’une façon insidieuse, à la profusion de jouets genrés ?

L’autiste, la bactérie et le scientifique

On commence à savoir (= la recherche scientifique commence à avoir accumulé suffisamment de données pour considérer que c’est une hypothèse solide) que les enfants autistes présentent plus de risques que les neurotypiques de souffrir de troubles gastro-intestinaux. On sait également que les enfants autistes présentent très souvent des restrictions alimentaires importantes. Œuf ? Poule ? Est-ce qu’ils ont mal au ventre parce qu’ils mangent bizarrement ou bien mangent-ils bizarrement parce qu’ils ont mal au ventre ? Ou encore, mangent-ils bizarrement parce qu’ils ont mal au ventre et, ce faisant, aggravent le problème ?

Morgan, de www.decipher-morgan.com

Morgan, de www.decipher-morgan.com

Des chercheurs ont publié cet été une étude qui montre que la flore intestinale d’un groupe d’enfants autistes est plus limitée, moins variée, que celle d’un groupe d’enfants neurotypiques. Les auteurs font bien entendu le lien avec le régime alimentaire des enfants autistes, et notent que les souches de bactéries absentes chez les autistes sont plutôt celles qui favorisent la digestion des carbohydrates.

Qu’est-ce qu’on sème ?

Si vous pensez que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits…
Si vous pensez que les femmes sont des êtres humains…
Alors, bonne nouvelle, vous êtes féministe !

Binary féminism

Binary feminism

Un combat d’arrière-garde ? Dépassé ?
Hélas non, si on en croit le rapport 2013 sur l’égalité homme-femme dans le monde, les femmes en France sont confrontées à une injustice sérieusement ancrée dans les esprits dès qu’on touche à la question professionnelle : sur les 136 pays examinés, la France est en 67ème position en termes d’opportunité professionnelle et en 129ème position en terme d’égalité des salaires ! (En revanche, excellents scores pour l’accès à la santé et à l’éducation)

Comment c’est possible ?
Quant on évoque le sujet, la plupart des gens (hommes et femmes) réagissent en haussant les épaules ou levant les yeux au ciel, répondent par des “est-ce bien important ?”, “oui, mais tu sais les femmes se limitent toutes seules”, “pfff, tu en es encore là”, “oui, mais elles sont moins diplômées/compétentes/travailleuses/ambitieuses/expérimentées”, “oui, mais c’est parce qu’elles tombent enceintes*”, et bien d’autres, je vous invite d’ailleurs à compléter la liste.
Ainsi, on continue à rationaliser, justifier l’injustice, expliquer que la situation est normale, ne mérite pas discussion et que les femmes sont peut-être à l’origine de cet état de fait.
Or, tant qu’on persiste dans ce mix de déni et de “blamons la victime”, ça ne bougera pas.

En tant que parents, on fait quoi ?
Déjà, on peut s’interroger sur le modèle qu’on présente à nos enfants. Pour chaque maman qui accepte d’être sous-payée et qui subit passivement d’être l’inférieure hiérarchique d’un homme moins compétent qu’elle**, il y a des enfants qui apprennent par l’exemple que la vie c’est comme ça, que les femmes sont moins considérées que les hommes, et donc moins payées. Et pour chaque papa qui hausse les épaules quand la question de l’égalité des droits et des chances est posée, il y a des enfants qui apprennent que le sujet est, au choix, sans intérêt, honteux, inutile, etc. La misogynie, c’est comme le racisme, on peut faire tous les grands beaux discours qu’on veut, les enfants l’apprennent surtout par imprégnation culturelle.
Ensuite, on peut discuter avec nos filles ET nos garçons de l’état d’esprit qui prévaut dans le monde du travail. Appuyons-nous sur le sens la justice qui est si vif chez les enfants. On trouvera une illustration exemplaire avec cet organigramme pour expliquer ce qu’est le plafond de verre :

1 entreprise, 31 employés dont 4 à la direction, 27 femmes et 4 hommes. Devinez à quels postes ? Ah, mais c'est sans doute parce qu'elles sont moins diplômées/compétentes/travailleuses/ambitieuses/expérimentées...

1 entreprise, 31 employés dont 4 à la direction, 27 femmes et 4 hommes. Devinez à quels postes ? Ah, mais c'est sans doute parce qu'elles sont moins diplômées/compétentes/travailleuses/ambitieuses/expérimentées...

*elles tombent enceintes dans tous les pays…
** j’ai testé pour vous, c’est parfaitement déprimant et mène à la question suivante : le principe de Peter s’applique-t-il aux femmes ?

payée pour allaiter ?

La nouvelle fait fortement réagir en Grande-Bretagne :
une expérience est menée dans les régions du South Yorkshire et Derbyshire, où 130 femmes sont encouragées financièrement à allaiter. Si l’allaitement de leur nouveau-né se maintient six semaines, elles recevront 120£ en bons d’achats, et 200£ si elles allaitent six mois.

Breastfeeding Money, chez www.childbirthgraphics.com

Breastfeeding Money, chez www.childbirthgraphics.com

Certes, ce sont des régions difficiles économiquement, certes le taux d’allaitement y est particulièrement bas (ce qui n’est pas surprenant, l’allaitement étant corrélé au statut socio-économique de la mère), certes médecins et gouvernements veulent faire passer le message que l’allaitement est souhaitable en termes de santé publique, certes, certes…
Pourtant, je ne peux m’empêcher d’être mal à l’aise, et je ne suis apparemment pas la seule, si j’en crois les 1121 commentaires en moins de 24h sur le site de la BBC.

L’amer arrière-goût du sucre

On ne peut pas reprocher au administrateurs du Crédit Suisse d’être des gauchistes écolos…
Quand une institution bancaire calcule les coûts cachés d’une industrie et tire la sonnette d’alarme, ça indique la gravité du problème, en l’occurrence un problème de santé publique.
Vivement que la vidéo soit traduite en français. En résumé, ils disent que le sucre ajouté est directement lié à l’épidémie d’obésité et de diabète de type 2, que la consommation mondiale moyenne de sucre ajouté est de 17 cuillères à café par personne et par jour (!!!), et que taxer les produits industriels contenant beaucoup de sucres ajoutés, notamment les sodas, serait le meilleur moyen de réduire la consommation, comme ça a été le cas pour le tabac.
Limiter le sucre ajouté n’est pas toujours simple, mais c’est un effort qui paye à long terme, parole d’un banquier suisse…