Bernard Collot sera demain mercredi 4 l’invité du débat suivant la projection du film “Etre et devenir” de Clara Bellar

Bernard Collot sera demain mercredi 4 juin l’invité du débat suivant la projection du film “Etre et devenir” de Clara Bellar, au cinéma le Saint-André-des-Arts (Paris 6e) à 13h en compagnie de la réalisatrice (infos http://cinesaintandre.fr/fr/evenements).

Nous nous réjouissons de l’écouter, lui qui a créé pendant 40 ans d’enseignement en classe unique les conditions pour que les enfants apprennent à leur rythme ce qui leur importe : une sorte d’apprentissage autonome dans un cadre scolaire ! Il a décrit cette expérience dans de nombreux livres, dans son blog (http://education3.canalblog.com) et surtout dans un livre passionnant, “Chroniques d’une école du 3e type” www.editions-instant-present.com/chroniques-dune-école-du-3e-type-tome-1-p-65.html.

Le film “Etre et devenir” intéresse les médias, à la fois par son approche décalée et minoritaire de l’apprentissage autonome qui intrigue, mais aussi parce qu’il donne à tous les parents, y compris à ceux qui ont fait le choix d’utiliser l’école, une bouffée d’affection pour leurs enfants et l’envie de passer plus de temps avec eux.

Pour voir les occasions de projection, à Paris, Marseille, Lyon, Perpignan, Rouen etc., voir le site www.etreetdevenir.com (“sortie”). Vous pouvez même le demander à votre cinéma préféré ! (il n’aura qu’à cliquer sur la page “contact”). Et si vous ne scolarisez pas votre enfant, c’est une excellente occasion d’y amener votre entourage hostile, il écoutera pendant deux heures des arguments brillants et convaincants !
Sur le même site (“revue de presse”), vous pourrez voir la belle couverture médiatique qui accompagne la sortie du film, qui permet de parler d’apprentissage centré sur les enfants, et finira peut-être de convaincre votre cinéma -ou votre entourage !

Sinon il reste la solution du DVD, qui sortira début 2015. La souscription au DVD, qui permet de le payer moins cher en l’achetant en avance, permettra aussi de financer le passage technique au format DVD. C’est par ici : www.editions-instant-present.com/Être-et-devenir-dvd-souscription-p-70.html.

Augustine à la lumière de “Enquête aux archives Freud”…

Augustine, le film d’Alice Winocour sorti tout récemment raconte l’histoire d’une jeune domestique atteinte d’hystérie, et de son hospitalisation dans le service du professeur Jean-Martin Charcot, à l’hôpital de la Salpêtrière, à la fin du 19ème siècle. A la lumière de Enquête aux archives Freud, notre dernier livre, ce beau film sensible prend soudain

Charcot au chevet d'Augustine

Charcot au chevet d'Augustine

tout son sens. Comme Jeffrey Masson nous le rappelle, Freud a effectué un séjour d’études à Paris dans le service du professeur Charcot, qui a eu une influence déterminante dans son parcours, et déjà dans son intérêt pour l’hystérie.
Maladie propre à cette époque, l’hystérie féminine, spectaculaire et mystérieuse, avec ses troublants symptômes sexuels, s’expose alors, au sein même de l’hôpital, comme un divertissement morbide auquel assistent médecins, notables et curieux, les célèbres leçons de Charcot.
Alice Winocour sait brillament en rendre l’atmosphère oppressante, la solitude de la patiente bête de foire, hypnotisée et conditionnée (elle fait dire à Charcot que la patiente est “exercée”) à reproduire les crises sous hypnose, se roulant et se tordant dans des attitudes explicites, obéissant à ce qui est attendu d’elle ; lorsqu’on comprend l’aura qu’exerce Charcot, il apparaît bien que le jeu est trouble, qu’être une patiente docile est la seule issue pour échapper au terrible enfermement hospitalier en attirant l’attention du maître, dans l’espoir de guérir…
La scène de la première crise d’hystérie d’Augustine, lorsqu’elle sert à table, fait extraordinairement écho à la première théorie de Freud sur l’origine de l’hystérie, c’est-à-dire les abus sexuels subis dans l’enfance : Augustine tombe au sol, se tord et se débat, en suppliant “Arrête, arrête…” et en tentant d’éloigner des mains imaginaires qui l’étrangleraient : pourrait-on mieux montrer qu’elle revit la terreur d’un abus subi à un âge où elle n’avait pu ni se défendre, ni le comprendre ?
Et comment s’étonner, au vu de l’absence complète de considération pour les femmes, encore plus les femmes pauvres et malades, dans le service de Charcot (manipulées, dénudées, droguées, attachées), conforme sans doute aux moeurs de l’époque, que l’idée même qu’un abus puisse les rendre malades n’aurait eu aucun sens pour les médecins de l’époque ?
Le film n’est cependant pas manichéen et fait oeuvre épistémologique en montrant aussi la quête tragique du médecin, devant des mystères qui le dépassent, qu’il tente d’élucider à l’aide de moyens dont les progrès de notre époque soulignent le côté terriblement dérisoire, de conceptions formelles mais irrationnelles et aléatoires… Il est cependant effrayant de constater que certaines sont encore à l’oeuvre pour les psychanalystes d’aujourd’hui, au travers d’une des idées les plus dictatoriales de la psychanalyse, la notion (complètement fictive, ainsi que l’ont fermement démontré les approches neuro-cognitives) de déplacement de symptôme dont on devine que Freud l’a reprise à Charcot, qui constatait, totalement démuni, les paralysies sans cause organique passant comme magiquement de l’oeil au bras…
Ce film vient donc bien à l’appui de la première théorie de Freud sur l’étiologie de l’hystérie, l’abus sexuel, tout en nous montrant, en complément au travail de Jeffrey Masson, dans quel contexte social -l’inexistence de la dignité des femmes-, académique -éternels jeux de pouvoir et d’influence avec les financeurs et les dispensateurs d’honneurs – et scientifique -une médecine entièrement démunie et inopérante, tant dans ses concepts que dans ses outils-, Freud l’a abandonnée pour inventer la théorie des pulsions, contre les dégâts de laquelle la lutte est encore inachevée.
Toute la mélancolie d'Augustine jouée par l'actrice Soko

Toute la mélancolie d'Augustine jouée par l'actrice Soko