Hors de contrôle, prendre des libertés avec notre autonomie pendant une pandémie par Alfie Kohn

Alfie Kohn, conférencier et auteur de nombreux ouvrages sur la parentalité et l’éducation, propose régulièrement sur son blog des articles étayés par les dernières études. Récemment, il a publié un article intitulé “Hors de contrôle”. Il nous a semblé intéressant de le traduire pour le lectorat français. Il est l’auteur de deux livres traduits en français Aimer nos enfants inconditionnellement et Le Mythe de l’enfant gâté et, à ce titre, a l’expertise pour parler parentalité. Bien que son article soit une critique du système américain, les Français apprécieront de constater que l’herbe n’est pas plus verte chez le voisin, d’une part, et pourront se délecter de la référence faite à Albert Camus et son œuvre La Peste.
Nous vous souhaitons une agréable lecture !


Copyright 2010 Alfie Kohn. Traduit par Marlène Martin et reproduit avec l’autorisation de l’auteur.

Dans un commentaire resté célèbre, Warren Buffett a fait remarquer que lorsque la mer se retire, on voit qui a nagé nu. De la même manière, lorsqu’une pandémie arrive, nous sommes confrontés à la manifestation éclatante du genre de société dans lequel nous vivions jusqu’ici : nous observons les conséquences de l’absence d’un système national de santé publique solide. Nous comprenons véritablement les effets des inégalités économiques extrêmes : même au sein de la classe moyenne, nombreux sont ceux qui sont au bord du gouffre, lorsqu’à peine un ou deux versements de leur salaire les séparent de la misère. Et nous voyons une très bonne idée des systèmes de croyances propres à notre culture : la dévotion quasi-théologique à la loi du libre-échange et l’aversion profonde pour le secteur public, la tendance à idolâtrer la « liberté » individuelle et à mépriser le bien commun.

Dans une perspective mondiale, les États-Unis font exception par leur obsession de l’autosuffisance. Notre code éthique semble commencer et se terminer par la non-ingérence et la prééminence des choix personnels. Notre méfiance à l’égard des entreprises collectives était déjà apparente aux yeux de Tocqueville, voilà près de deux cents ans. Nos divertissements populaires célèbrent les héros qui agissent indépendamment plutôt que de façon interdépendante. Contrairement à d’autres sociétés occidentales, l’Amérique se définit par une absence d’engagement en faveur des valeurs communes et de la valeur de ce qui est partagé. Nous sommes divisés, repliés sur nous-mêmes au point qu’il est profondément troublant de reconnaître notre aliénation. Pourtant, nous insistons pour dire qu’il ne s’agit pas d’un problème mais d’un choix, la preuve non pas d’une crise mais d’un ensemble de valeurs progressistes.

C’est dans ce contexte qu’on peut trouver du sens dans les actions des manifestants d’aujourd’hui qui exigent avec colère le droit de faire leurs courses et de se réunir comme il leur plaît, alors même que des milliers de personnes continuent de mourir à cause du virus qui se propage toujours. La plupart des gens déclarent aux sondeurs qu’ils comprennent l’importance de maintenir une distance sociale jusqu’à ce que nous puissions reprendre le cours normal de nos vies. Mais les manifestants sont le reflet, même s’il s’agit ici d’un reflet déformé, comme dans une attraction de fête foraine, de l’individualisme bien ancré de notre société – tout comme le besoin désespéré de Donald Trump de triompher des autres représente une version exagérée du culte américain de la victoire. Ce qui importe le plus dans ce pays, c’est la liberté de chacun de faire ce qu’il veut, quand il veut ; cette exigence tend à l’emporter sur l’idée de communauté et le souci du bien-être des autres. Comme l’a récemment fait remarquer un commentateur, notre insistance sur la « liberté d’être dispensé de faire », plutôt que sur la « liberté de faire », rend les Américains ridicules et fait apparaître leur comportement comme pathologique aux yeux des habitants des autres pays du monde.

Ce qui n’est ni ridicule ni pathologique, cependant, c’est le désir que nous avons de vivre comme des agents autodéterminés ayant un impact significatif sur les choses qui nous affectent. En fait, c’est ce que les psychologues adhérant à la théorie de l’autodétermination -un cadre théorique permettant de comprendre la motivation[1]– identifient comme « l’autonomie », l’un des trois besoins humains fondamentaux. (Les autres sont le besoin connexion aux autres- et le besoin de compétence -le sentiment d’efficacité lorsque nous trouvons ou inventons des réponses à des questions personnelles importantes). Lorsque, comme l’a dit un des chercheurs cités précédemment, nous avons l’impression que nous ne sommes que des pions dans notre propre vie, que nous ne sommes pas « à l’origine » de ce qui nous arrive, notre santé psychologique – et même physique – risque d’en souffrir. C’est pourquoi l’anxiété et la dépression dont beaucoup de gens indiquent être atteints aujourd’hui résultent non seulement de l’insécurité financière, de la peur de la maladie et de l’isolement, mais aussi de notre impuissance face aux circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Et si nous sommes parents, cette impuissance peut se répercuter sur la façon dont nous traitons nos enfants[2].

Les personnes autonomes perçoivent leurs actions comme authentiques, intégrées, réalisées intentionnellement. Mais cela ne signifie pas qu’elles se considèrent comme indépendantes des autres ou s’inscrivent en opposition par rapport à une culture plus large. Cette distinction essentielle, souvent négligée, nous aide à comprendre que même les gens vivant dans des sociétés collectivistes ressentent le besoin d’autonomie[3]. L’individualisme égoïste, au contraire, n’est pas une caractéristique inéluctable de la « nature humaine ». Il représente plutôt un dévoiement de notre besoin d’avoir notre mot à dire sur ce qui nous arrive.

En réalité, lorsque des personnes ont été élevées sans que leur autonomie soit soutenue – du fait d’un contrôle excessif de leurs parents et de leurs enseignants – deux choses peuvent se produire. Elles peuvent, en grandissant et en se trouvant à leur tour en position d’autorité, tenter de dénier aux autres leur autonomie[4]. Et elles peuvent insister sur une version pervertie de l’autodétermination qui a plus à voir avec l’égoïsme. Si elles ont grandi en se sentant impuissantes, elles peuvent avoir tendance à la colère envers quiconque leur dit non. Elles risquent de considérer que toute restriction de leur liberté personnelle, même au bénéfice du plus grand nombre, équivaut à de la « tyrannie ». Elles pourraient insister pour dire que leur confort prime sur la vulnérabilité des personnes dont l’immunité est déficiente[5] : « Au diable leur sécurité ; je veux aller au bowling et me faire couper les cheveux, et maintenant ! »

Et, malheureusement, elles ne seront pas les seules. Ailleurs, leur comportement serait probablement critiqué et considéré comme immature et ignoble. Mais il peut attirer de nombreux likes, vues et retweets sur les réseaux sociaux, sympathies, des points de vue et des retweets, dans un pays qui a une histoire dans laquelle l’intérêt personnel, dans une perspective libertaire, et les gains financiers personnels ont été privilégiés par rapport aux liens sociaux et au bien-être collectif. D’où ce récent titre dans The Onion : « Le Dr Fauci[6] alerte sur les souffrances inutiles et les décès qui se produiront si on laisse l’Amérique continuer »[7].

Si notre premier défi est de distinguer autonomie et individualisme égoïste, notre second est de déterminer comment faire face à une situation déprimante où nous nous sentons, à juste titre, impuissants. Au moment où j’écris ces lignes, en mai 2020, plus de 300 000 décès ont été officiellement attribués au Covid-19, et les experts nous disent que le nombre réel est bien plus élevé. Cela entraîne la tentation de reporter notre anxiété en blâmant les responsables publics et les scientifiques qui s’efforcent de nous protéger.

Plus généralement, lors de crises prolongées, le psychiatre Sim King dit que les gens « se sentent écartelés entre la volonté de résister à la nouvelle réalité [et celle de s’y adapter] ». Ils peuvent se tourmenter en tentant de préserver un semblant de normalité [et] en décomptant les jours avant que tout redevienne comme avant – ce que beaucoup font maintenant ». Ou bien, ils peuvent finir par accepter leur manque de contrôle, faire uniquement des projets provisoires (car il se résignent à ce qu’ils puissent s’effondrer), et vivre simplement le moment présent. Cette dernière attitude – vivre en paix avec ce qui semble être hors de notre contrôle – semble adaptative et raisonnable. Mais elle fait aussi penser à la réaction que Martin Seligman a appelée, dans une expression devenue célèbre, « l’impuissance apprise » : dès lors que nous concluons que rien de ce que nous faisons ne pourra influer sur les choses, nous abandonnons et sombrons dans une dépression autodestructrice.

Vous vous souvenez de Sisyphe, condamné pour l’éternité à pousser son rocher vers le haut de la montagne pour ensuite le lâcher et le voir dévaler jusqu’en bas, et recommencer ? Dans la réinvention de ce mythe par Camus, le défi de Sisyphe – et son triomphe – consiste à faire face à l’absurde futilité de sa situation plutôt que de s’accrocher à l’espoir que son travail insensé et sans fin s’achève un jour, ou qu’il était finalement justifié. Il a compris qu’il n’était porteur d’aucune signification cachée et qu’il n’aboutirait à aucune résolution satisfaisante. Et en ce sens, « l’absence d’espoir… n’a rien à voir avec le désespoir », a défendu Camus ; elle indique plutôt une « conscience vigilante » et un refus de se mentir à soi-même.

L’essai de Camus s’est concentré sur ce qu’il a appelé la rébellion métaphysique. Il ne s’agissait pas de prendre position contre un ennemi politique ou une institution oppressive face auxquels le succès était possible. La situation de Sisyphe qu’il avait à l’esprit n’était rien d’autre que la condition humaine elle-même : la mort comme destin ultime et l’horrible vérité selon laquelle toutes les significations et toutes les valeurs sont créées par l’homme et donc faillibles, aussi fort que soit notre envie de croire qu’il en est autrement (par désespoir, pas parce que nous en aurions la preuve). Le point de vue de Camus renvoie aussi à certaines réalités de notre vie : l’importance de voir les choses avec clarté et de rejeter les invocations trop faciles à garder « espoir ».

Pensez-y ainsi : le mot « accepter » a deux significations très différentes : reconnaître que quelque chose est vrai, ou l’approuver comme étant souhaitable. Camus nous rappelle que nous devons « accepter » les réalités désagréables dans la première acception du terme (résister à l’envie pressante de les faire disparaître) mais pas dans le second sens (parce que nous ne devrions jamais cesser d’être indignés par ce qui est scandaleux)[8].

Pendant cette pandémie dévastatrice, nous devons d’une manière ou d’une autre faire un choix entre le déni, d’une part, et la passivité, d’autre part – ou au moins nous assurer qu’un sentiment d’impuissance ne contamine pas les autres domaines de notre vie. Cela commence par un engagement à adopter l’attitude de « conscience vigilante » prônée par Camus : faire de notre mieux pour comprendre précisément ce qu’il en est et à quoi on peut raisonnablement s’attendre, plutôt que de laisser notre vision être déformée par le désespoir…. ou par l’espoir[9]. Et peut-être pourrons-nous ensuite nous engager dans un effort collectif – l’engagement politique – en réaction aux décès évitables. Faire cela, c’est suivre l’évolution de la propre pensée de Camus, de celle du rebelle solitaire du Mythe de Sisyphe à ce qu’il a décrit plus tard (dans La Peste et dans son long essai non fictionnel L’homme révolté) comme une participation à une communauté, en agissant avec et pour les autres, contre un implacable ennemi.

La liberté consiste à nous empuissancer, à satisfaire notre besoin d’autonomie (et pas seulement le mien). C’est évidemment une lutte difficile que de retrouver un sentiment de contrôle sur les choses dans un moment comme celui-là. Mais au moins, nous pouvons veiller à ne pas confondre ce concept avec l’égoïsme ou l’auto-illusion.


[1] NDA : Au moment même où vous lisez ces lignes, la théorie de l’autodétermination sert de base à de nouvelles recherches pour aider à comprendre comment les gens fonctionnent en situation de pandémie.

 

[2] Des chercheurs s’inscrivant dans le cadre théorique de la théorie de l’auto-détermination ont montré (dans une étude belge de 2019) que lorsque les parents se sentent « sous pression, inadaptés et isolés », ils ont moins d’énergie pour s’occuper de leur enfant et sont plus susceptibles « d’imposer leurs propres objectifs à leur enfant » plutôt que de soutenir son autonomie. Et une étude canadienne de 2020 a montré que « lorsque les parents perçoivent des menaces dans l’environnement actuel et futur de leurs enfants, ils peuvent se sentir incités à avoir une attitude plus contrôlante envers leurs enfants », ce qui « peut affecter négativement la motivation des enfants ».

[3] Une revue de littérature de 2018 compilant une trentaine d’études a confirmé que la corrélation entre l’autonomie et le bonheur est aussi forte dans les sociétés de l’Ouest que dans celles de l’Est ; des recherches antérieures ont, quant à elles, montré que subir des pressions ou être « contrôlé » frustre le besoin universel de se conduire conformément à sa propre volonté – et que ce n’était pas moins vrai dans les sociétés non-occidentales.

[4] Les chercheurs ont découvert que « les individus qui doutent de leur propre pouvoir, lorsqu’ils sont placés en position d’autorité, sont les plus susceptibles de recourir à des tactiques de contrôle coercitives » (Daphne Blunt Bugental et al, « Who’s the Boss» , Journal of Personality and Social Psychology 72 [1997], p. 1298).

[5] Je ne veux pas laisser penser que c’est précisément ce qui se passe maintenant. Les manifestations contre les fermetures et la distanciation sociale sont motivées autre chose que l’individualisme et l’égoïsme. D’une part, il existe une forte tendance à la peur, bien compréhensible, et un réel désespoir financier. D’autre part, ces manifestations publiques sont également traversées par de détestables relents de racisme, l’exigence d’un accès aux armes sans restriction et des fantasmes conspirationnistes portés par l’extrême droite. Ces manifestations, rassemblant des foules majoritairement blanches, ont commencé à peu près au moment où il est devenu évident que les victimes du virus étaient, de façon disproportionnée par rapport à leur part dans la population générale, des personnes de couleur.

[6] Conseiller scientifique de Donald Trump.

[7] https://www.theonion.com/dr-fauci-warns-of-needless-suffering-and-death-if-amer-1843423626.

[8] Dans son dernier roman, La peste (1947), Camus nous dit que l’épidémie qui tue les gens est « une situation absurde, mais… nous devons l’accepter telle qu’elle est » – c’est-à-dire la voir clairement – plutôt que de nous réfugier dans un espoir injustifié, la foi (qui est, par définition, une croyance sans preuve) ou la pensée magique. (Les informations ne sont pas « fausses » simplement parce que vous ne les aimez pas ; les rapports sur le risque de contagion et la mortalité ne servent pas à susciter artificiellement notre peur, même s’ils sont perturbants). Mais cela ne signifie pas qu’il faille « accepter » la situation dans l’autre acception du terme : « Il faut engager le combat » et quand bien même « les victoires ne seront jamais durables », ce n’est « pas une raison pour abandonner la lutte ». D’ailleurs, lorsque Camus parle de rébellion métaphysique, il ne propose pas que nous nous soyons furieux tout en étant impuissants, et que nous demeurions dans la négativité à vie. Il nous engage plutôt à embrasser la vie – à aimer, à créer, à affirmer, à « donner au néant ses couleurs » – mais à le faire comme dans une sorte de révolte, au mépris de l’insignifiance ultime de notre condition.

[9]Ailleurs, j’ai plaidé pour une réponse similaire, fondée sur la réalité, comme alternative non seulement à la négativité chronique, mais aussi à une posture injustifiée de gratitude indiscriminée.

 

Le nouveau coronavirus et l’avenir du B.C.G.

Publication de Michel Odent, auteur de nombreux ouvrages, dont Le Bébé est un mammifère aux Éditions l’Instant Présent.

À la fin du vingtième siècle, alors que la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord avaient interrompu la vaccination quasi-systématique contre la tuberculose par le BCG, j’ai publié dans Lancet un article suggérant que le BCG pourrait avoir un avenir en tant qu’immunomodulateur1. Rappelons que le BCG contient une souche atténuée d’un « cousin » de Mycobacterium Tuberculosis. Peu après, en Guinée Bissau, Peter Aaby et son équipe révélèrent que l’un des effets du BCG était de réduire les taux de mortalité infantile (indépendamment de l’effet préventif vis-à-vis de la tuberculose)2.

En 2016, dans un contexte scientifique renouvelé, j’ai suggéré que le BCG pourrait être évalué en tant que façon de compenser les effets de la privation microbienne habituelle dans la période néonatale précoce sur la programmation du système immunitaire3.

Dans un tel contexte, nous pouvons observer un point commun entre des pays ou le contrôle de l’épidémie à Covid-19 a été plus efficace que dans d’autres, jusqu’à présent : ce sont des pays où l’ensemble de la population a été vacciné par le BCG depuis le milieu du vingtième siècle. C’est le cas, en particulier, de la Chine (y compris Taiwan), de la Russie, de la Corée du Sud, du Japon, de Singapour, du Vietnam, de l’Inde, et de l’Amérique latine.

Les continents Américains offrent un contraste qui incite à la réflexion. Les leaders des deux grandes nations latino-américaines (Mexique et Brésil) ont tendance à minimiser la dangerosité du virus Covid-19, alors que l’épidémie est, jusqu’à présent, incontrôlable aux États-Unis et au Canada. Ces deux pays Nord-Américains, comme les pays d’Europe occidentale, ont abandonné la vaccination systématique par le BCG il y a plusieurs décennies.

En présentant ces corrélations bizarres, et apparemment sans intérêt étant donné la grande diversité de facteurs qui peuvent être pris en considération, mon seul but est d’ajouter des raisons de souligner le besoin d’études randomisées contrôlées destinées à évaluer les effets préventifs possibles du BCG vis-à-vis des infections à coronavirus. De tels projets existent déjà à Utrecht (Hollande), à Melbourne (Australie), à l’Institut Max Plank (Allemagne) et au Royaume-Uni. Il est théoriquement plus satisfaisant de démontrer les effets positifs du BCG en tant qu’immunomodulateur que de développer des vaccins coûteux, ayant une cible limitée, et qui ne seront sans doute disponibles qu’à la fin de l’épidémie actuelle. Et que penser des effets immunorégulateurs possibles de certaines composantes de la médecine traditionnelle chinoise qui ont été largement utilisées à l’épicentre de l’épidémie ?

En attendant, j’élargirai le sujet en présentant un extrait de mon chapitre intitulé « Homo sapiens et la virosphère » (dans La Naissance et l’Avenir d’Homo sapiens, livre publié au Hêtre Myriadis en 2014) :

… « Dans l’avenir le principal sujet ne devrait plus être l’histoire des relations entre humains, mais l’histoire des relations entre l’Humanité et la Terre-Mère. La virosphère est une composante majeure de Gaia… de la Terre-Mère en tant qu’organisme avec des fonctions autorégulatrices ».

Michel Odent

Auteur de The Future of Homo

 

 

Références :

1- Odent M., The Future of BCG, Lancet, 1999; 354: 2170

2-Kristensen I, Aaby P, Jensen H, Routine vaccinations and child survival: follow up study in Guinea-Bissau, West Africa, BMJ, 2000 Dec 9;321(7274):1435-8.

3- Odent M., The Future of neonatal BCG, Med Hypotheses, 2016; 91:34-36

Être et devenir, les dates des évènements rencontre avec l’auteure Clara Bellar

eed couv OK petitPlusieurs évènements auront lieu en région parisienne pour la sortie du livre Être et devenir : Faire confiance à l’apprentissage naturel des enfants et la célébration des 3 ans en salles du film Être et devenir, avec la présence de Clara Bellar.

• Dimanche 28 mai à 11h30 au St-André des Arts (Paris 6e) : séance spéciale anniversaire avec Clara Bellar, suivie d’une signature du livre et d’un buffet.

• Lundi 29 mai à 20h30, Ciné-Kaizen au Chaplin Denfert, projection de Captain Fantastic puis échange avec Clara Bellar et Mélissa Plavis.

• Mardi 30 mai 18h30-19h30 : Signature en Librairie Actes Sud – Les Originaux Galerie, 37 Rue Saint-André des Arts, Paris, Paris 6e St-Michel.

• Jeudi 1er juin 18h à 19h : Rencontre-dédicace à Chantelivre, 13 rue de Sèvres, Paris 6e.

• Jeudi 1er juin à 19h au Liberté Living-Lab : séance anniversaire en présence de Clara Bellar et suivi d’une dédicace du livre. Séance mise en place par Judith Grumbach, réalisatrice d’Une Idée folle.

• Samedi 3 juin : Rencontre-dédidace au Cultura de la Villette (Ville-Up, Paris 19e), de 16h à 17h.

• Samedi 10 juin : Signature à la librairie-salon de thé-restau bio Mille feuilles à BIEVRES (28 rue de l’église), de 16h30 à 17h30.

• Dimanche 11 juin : 2e Journée pour réinventer l’école par l’Ecole démocratique de Paris. Table-ronde et ateliers-rencontres avec François Bégaudeau et Clara Bellar et beaucoup d’autres.

• Samedi 17 juin à 14h30, Être et devenir au cinéma Le Colombier à VILLE D’AVRAY, en présence de la réalisatrice. La projection sera suivie d’une séance de dédicace du livre à la librairie-restaurant bio Mille Feuilles de 16h30 à 17h30, située en face du cinéma, 3 à 5 rue de Versailles 92410 Ville d’Avray.

• Jeudi 29 juin à 20h30, Ciné-Kaizen au Chaplin Saint Lambert, Projection d’Être et devenir, échange avec Clara Bellar, suivi d’une signature du livre.

Données scientifiques : l’accouchement à domicile en danger, appel à contribution

felix-aAppel à celles et ceux qui se sentent concernés par l’accouchement à domicile !
Contribuez à une réponse aux personnalités de l’obstétrique qui menacent la liberté d’accoucher chez soi.

Pourquoi c’est important ? Parce que connaitre l’argumentaire des opposants permet, dans le meilleur des cas, un véritable dialogue, et, dans le pire des cas, de ne pas se laisser influencer par un discours paternaliste et infantilisant.

Apportez vos chiffres, vos références, votre lecture…

Voici ce dont il s’agit :

Le Dr Chervenak est un obstétricien renommé aux USA. Il est très impliqué dans la lutte contre l’accouchement à domicile. Dans un article récemment paru, qu’il a présenté en Juin 2012 au Congrès de Médecine périnatale à Paris (à télécharger ici : chervenakal2013), il enjoint vigoureusement les praticiens de santé obstétrique à décourager tout projet d’accouchement à domicile (AAD).

Joignons nos esprits critiques pour examiner dans le détail ses arguments, en identifiant ceux qui sont fallacieux tout en considérant ceux qui sont légitimes.
C’est une double nécessité :
– d’une part parce que les médecins qui vont relayer le discours du Dr Chervenak ne prendront hélas pas tous le temps de vérifier les sources de ce dernier
– et d’autre part, parce que si le Dr Chervenak a effectivement identifié une source réelle de danger pour la mère ou l’enfant dans le cadre de l’AAD, il est nécessaire de fournir cette information aux mères qui projettent d’accoucher chez elles afin qu’elles prennent leur décision en connaissance de cause, suivant le principe du consentement éclairé.

Voici ce que disent, en résumé, le Dr Chervenak et ses collègues :
– un professionnel qui soutient l’AAD agit de façon irresponsable
– le risque de décès du nouveau-né est multiplié par 2 à 3 dans le cas d’AAD. Il ne cite qu’une seule étude pour étayer cette estimation, l’étude de Wax et al. 2010, que nous examinerons plus bas
– lorsque le transfert hospitalier en urgence est nécessaire, le risque de mortalité périnatale est multiplié par 8. Notez qu’il s’agit là d’une étude australienne où les distances à parcourir pour arriver à l’hôpital sont conséquentes.
– Il affirme que le taux de transfert hospitalier en cours de travail correspond à 17% des multipares et 49% des nullipares (chiffres des pays-bas).
– Toutefois, les auteurs ne sont pas parvenus a trouver de différences significatives concernant le risque pour le bébé et pour la mère aux pays-bas entre les naissances prévues à la maison et les naissances prévues à l’hôpital. Ils se penchent sur les chiffres australiens cités plus haut. Ces chiffres ne montrent pas non plus de différence, sauf dans le cas de décès par asphyxie in utero (au cours du transport peut-on supposer).
– Les auteurs notent que l’absence d’un système de transport adapté au travail en cours augmente potentiellement le risque associé au transfert hospitalier (on ne peut qu’être d’accord).
ils considèrent que la responsabilité médicale de prendre soin de la parturiente et du bébé ne doit pas être subordonnée aux droits des femmes de prendre des décisions concernant leur corps.
– Il affirme qu’un professionnel de santé ne peut pas considérer l’AAD comme “médicalement raisonnable” et que sa responsabilité professionnelle lui interdit de participer à ce type de projet.
– Ils concluent en écrivant que les partisans de l’AAD sont un exemple frappant de ce qui se passe quand l’idéologie remplace le jugement professionnel*.

Concernant la seule étude qu’ils citent pour leur argument central, à savoir que le risque de décès du nouveau-né est multiplié par 2.87, les auteurs de l’étude (Wax et al., 2010 , à lire ici : wax et al ) mentionnent que les échantillons sont faibles pour considérer que le chiffre est fiable, mais qu’il est essentiel de réaliser de nouvelles analyses afin de vérifier ce chiffre et, le cas échéant, pour pouvoir identifier les facteurs de risques et ainsi réduire ce taux de décès. On ne peut qu’être d’accord. Les auteurs montrent par ailleurs que tous les autres risques pour la mère et le fétus dans le cadre d’une naissance à domicile sont soit équivalents, soit significativement inférieurs à ceux observés dans le cadre d’une naissance à l’hôpital. Pourtant, les auteurs ne peuvent pas être soupçonnés, si on en croit le ton de l’article, d’être favorables à l’AAD.

On peut télécharger ici les textes des articles de Chervenak et al. et de Wax et al. chervenakal2013 , wax-etal

*j’y vois un bel effet de “c’est celui qui dit qui y est” puisqu’ils ne mentionnent à aucun moment les bénéfices démontrés pour la mère, y compris ceux qui sont détaillés dans l’étude de Wax et al., sur laquelle ils s’appuient pourtant fortement. Le choix d’un langage sensationnel (on pourrait s’amuser à compter le nombre d’occurrences des termes comme “professional”, “responsability” et “compassionate”) déroge en soi au formalisme scientifique auquel les auteurs font appel dans leur argumentaire.

L’autiste, la bactérie et le scientifique

On commence à savoir (= la recherche scientifique commence à avoir accumulé suffisamment de données pour considérer que c’est une hypothèse solide) que les enfants autistes présentent plus de risques que les neurotypiques de souffrir de troubles gastro-intestinaux. On sait également que les enfants autistes présentent très souvent des restrictions alimentaires importantes. Œuf ? Poule ? Est-ce qu’ils ont mal au ventre parce qu’ils mangent bizarrement ou bien mangent-ils bizarrement parce qu’ils ont mal au ventre ? Ou encore, mangent-ils bizarrement parce qu’ils ont mal au ventre et, ce faisant, aggravent le problème ?

Morgan, de www.decipher-morgan.com

Morgan, de www.decipher-morgan.com

Des chercheurs ont publié cet été une étude qui montre que la flore intestinale d’un groupe d’enfants autistes est plus limitée, moins variée, que celle d’un groupe d’enfants neurotypiques. Les auteurs font bien entendu le lien avec le régime alimentaire des enfants autistes, et notent que les souches de bactéries absentes chez les autistes sont plutôt celles qui favorisent la digestion des carbohydrates.

L’amer arrière-goût du sucre

On ne peut pas reprocher au administrateurs du Crédit Suisse d’être des gauchistes écolos…
Quand une institution bancaire calcule les coûts cachés d’une industrie et tire la sonnette d’alarme, ça indique la gravité du problème, en l’occurrence un problème de santé publique.
Vivement que la vidéo soit traduite en français. En résumé, ils disent que le sucre ajouté est directement lié à l’épidémie d’obésité et de diabète de type 2, que la consommation mondiale moyenne de sucre ajouté est de 17 cuillères à café par personne et par jour (!!!), et que taxer les produits industriels contenant beaucoup de sucres ajoutés, notamment les sodas, serait le meilleur moyen de réduire la consommation, comme ça a été le cas pour le tabac.
Limiter le sucre ajouté n’est pas toujours simple, mais c’est un effort qui paye à long terme, parole d’un banquier suisse…

À l’occasion du congrès de la ff2p : “de Socrate aux Neurosciences”, Jeffrey Masson et Fabienne Cazalis

mass_0345478819_aupLe livre de Jeffrey Masson, Enquête aux Archives Freud (plus d’infos : www.editions-instant-present.com/EAF)sort aujourd’hui dans sa version retraduite et augmentée à l’occasion du 28ieme Congrès de la Fédération Française de Psychothérapie et de Psychanalyse sur le thème “de Socrate aux Neurosciences”.
couv1_eafJeffrey Masson interviendra cet après-midi sur le thème : “Un point de vue historique : les recherches du psychanalyste et archiviste de la correspondance de Freud”, et le film “l’affaire Freud”, que Michel Meignant lui a consacré sera projeté ce soir, suivi d’un débat en présence d’Olivier Maurel et Marc-André Cotton.

2011-09-06-at-17-00-30Demain, Fabienne Cazalis, auteure de Curiosités de l’enfantement, animera une table ronde sur le thème les découvertes des neurosciences, (voir : Apport des neurosciences aux psychothérapies de la dépression nerveuse) .

Pour terminer, vous pouvez lire la tribune de Jeffrey Masson dans le Huffington Post Ces psychanalystes qui nient l’inceste.

La fessée comme facteur de développement des troubles psychiatriques

Une étude sortie dans la revue scientifique Pediatrics montre que les personnes qui ont reçu des châtiments corporels (en l’absence de toute forme de violence spécifiquement non éducative) présentent plus de risques de développer des troubles mentaux a l’âge adulte. Les chiffres sont faibles (2 à 7% d’augmentation du risque, à l’échelle de la population, ça n’est pas anodin du tout) mais semblent néanmoins suffisamment bien contrôlés pour être fiables. 1849_-_karikatur_die_unartigen_kinder(wikipedia)-p

On peut lire ici un commentaire sur un blog hébergé par Le Monde.

Là encore, c’est une information qui mériterait d’être prise en compte par les Sciences Humaines, ainsi que l’indique Olivier Maurel dans son dernier ouvrage, à paraitre bientôt !

savon pour bébé et marijuana…

… n’ont a priori rien en commun ?
Et bien si !
Une étude vient de montrer que des traces de savon industriel pour bébé peuvent rendre positif un test de dépistage urinaire du THC.

Un savon qui fait tripper sans THC (photo LYJAZZ)

Un savon qui fait tripper sans THC (photo LYJAZZ)

Ce qui nous pose deux questions :

-1- Pourquoi rechercher des traces de marijuana dans l’urine des bébés ? On apprend que 10 à 40% des bébés nés dans cet hôpital de Caroline du Nord (USA) sont testés chaque mois -avec l’accord des parents ?- car un test positif démontre que la mère a été exposée à de la fumée de marijuana, ce qui ouvre une enquête des services sociaux. On notera que l’article précise que ces tests urinaires sont menés sur les bébés de familles “à risque”, sans préciser la nature des risques.

-2- Mais que mettent-ils donc dans leur savon “pour bébé” ??? Les marques incriminées sont des grands classiques de la consommation de masse états-unienne, on les trouve dans tous les foyers : Johnson & Johnson’s Head-to-Toe Baby Wash, J&J Bedtime Bath, CVS Night-Time Baby Bath, Aveeno Soothing Relief Creamy Wash and Aveeno Wash Shampoo. Ca fait peur ! On notera qu’il n’est pas fait mention du principe de précaution et qu’il serait raisonnable d’envisager de ne plus utiliser de tels savons industriels sur des nouveaux-nés…

Vivent les savons d’artisans, et vivent surtout les savons maison, comme les superbes productions dont regorgent les blogs, comme celui de Lyjazz.

Féminisme et maternage, une étude américaine

(via un article du blog santé du Figaro et en anglais : Are Feminism and Attachment Parenting Practices Compatible?)
Une étude américaine parue début juin dans la revue Sex Roles a mis en perspective les pratiques maternelles de 431 femmes avec leurs propres croyances relatives au féminisme et à la maternité. Les pratiques maternelles étudiées étaient plus spécifiquement l’allaitement prolongé, le sommeil partagé et le portage du bébé en écharpe. L’idée de départ était aussi de déterminer si les pratiques d’attachment parenting (parentage proximal) étaient vécues comme un facteur d’oppression ou au contraire de plus grande autonomisation (empowerment).
Et les auteures, Miriam Liss et Mindy Erchull, de conclure : “Nos résultats suggèrent que les stéréoptypes largement répandus comme quoi les féministes sont opposées aux relations familiales sont faux.” Ce sont bien les femmes féministes de l’étude qui se sont révêlées les plus favorables au parentage proximal tandis que les femmes non-féministes étaient plus portées à adopter des horaires stricts pour leurs enfants.
anneesdelait_500 Voilà qui ne va pas faire plaisir à Elisabeth Badinter ! (cliquez ici pour relire la critique de son livre le conflit, la femme, la mère)
En illustration, la couverture de Les années de lait, de Marie Australe, récit d’un allaitement au long cours.
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Journal Reference:

  1. Miriam Liss, Mindy J. Erchull. Feminism and Attachment Parenting: Attitudes, Stereotypes, and Misperceptions. Sex Roles, 2012; DOI: 10.1007/s11199-012-0173-z