AAD en danger : et si on mesurait la qualité de l’expérience ?

Vous avez été nombreux à réagir à notre article AAD en Danger et à faire circuler l’information sur les réseaux sociaux.

AAD, photo de Nils Fretwurst (cc) en.wikipedia.org/wiki/File:Baby_boy_after_birth.jpg

AAD, photo de Nils Fretwurst (cc) en.wikipedia.org/wiki/File:Baby_boy_after_birth.jpg

Voici d’importants compléments d’information :
* Le Mouvement pour l’Accouchement à Domicile a publié un dossier de presse très complet, qui compile et analyse les résultats de plusieurs études scientifiques d’envergure.
Il en ressort plusieurs éléments dont il faut absolument tenir compte lorsque la discussion aborde le domaine de la médecine factuelle (l’ensemble des pratiques médicales basées sur les résultats des recherches scientifiques) :
– en ce qui concerne les études menées aux USA, il faut savoir que les exigences de formation des sages-femmes ne sont pas aussi strictes, suivant les états, qu’en France.
– en ce qui concerne les études menées en Australie, il faut considérer le temps de transport souvent important lorsque le transfert hospitalier est nécessaire en situation d’AAD.
* L’école des sages-femmes de l’Université de Colombie Britannique propose également un ensemble de résumés d’articles scientifiques sur l’accouchement à domicile. Parmi nos lectrices et lecteurs anglophones et scientophiles, qui aura le courage de se lancer dans un tableau comparatif des résultats de toutes ces études ?

Pour permettre aux femmes de prendre une décision véritablement éclairée, en pesant soigneusement les bénéfices et les risques, plusieurs dimensions doivent être prises en compte :
– quels critères permettent aux sages-femmes de juger qu’une grossesse n’est pas à risque ?
– quel ratio bénéfices/risques pour la santé de la mère ?
– quel ratio bénéfices/risques pour la santé du bébé (en distinguant les interventions qui peuvent nuire à la santé du fœtus des moyens de ressuscitation d’un bébé à la naissance)
– quels facteurs peuvent modifier le ratio bénéfices/risques ? (par exemple : niveau de formation des sages-femmes, distance de l’hôpital, conditions d’hygiène, etc.)
– quelle qualité d’expérience pour la mère et l’enfant ?

Ce dernier point fera grimacer nombre de médecins. Après tout, disent-ils, quelle importance que le ressenti de l’accouchement si cela assure des vies ? (disent ceux qui n’ont pas lu les études ci-dessus. On notera que les femmes qui sont rassurées par une naissance à l’hôpital ne subissent pas de telles attaques, et tant mieux !)

La qualité du vécu de la naissance, quel que soit le contexte, est un élément qui va faciliter grandement le processus d’attachement mère-enfant (et père-enfant !). Bien entendu, l’attachement peut s’installer dans les conditions les plus difficiles, des femmes accouchent en temps de guerre, des grands prématurés s’attachent après un long séjour en néonatologie. L’accouchement respecté n’est donc ni une garantie ni le prérequis d’un attachement sécure, mais il en est toutefois un facteur facilitateur important. Un attachement sécure, c’est un parentage plus simple, plus joyeux, une meilleure qualité de vie pour la famille.

Est-ce si négligeable ? Qu’en dit la science ? Un bébé dont l’attachement est sécure pleure moins et ses parents répondent de façon plus ajustée à ses besoins (ni trop, ni trop peu). C’est aussi moins de fatigue et moins de stress pour toute la famille (toutes choses égales par ailleurs). Il faut avoir oublié – ou n’avoir jamais connu – l’état d’épuisement phénoménal que vivent les parents d’un nouveau-né pour se permettre de mépriser tout ce qui peut faciliter les relations parents-bébé. Ou bien il faut avoir la vue très courte, ce qui n’est jamais une bonne chose lorsqu’on discute de santé publique.

payée pour allaiter ?

La nouvelle fait fortement réagir en Grande-Bretagne :
une expérience est menée dans les régions du South Yorkshire et Derbyshire, où 130 femmes sont encouragées financièrement à allaiter. Si l’allaitement de leur nouveau-né se maintient six semaines, elles recevront 120£ en bons d’achats, et 200£ si elles allaitent six mois.

Breastfeeding Money, chez www.childbirthgraphics.com

Breastfeeding Money, chez www.childbirthgraphics.com

Certes, ce sont des régions difficiles économiquement, certes le taux d’allaitement y est particulièrement bas (ce qui n’est pas surprenant, l’allaitement étant corrélé au statut socio-économique de la mère), certes médecins et gouvernements veulent faire passer le message que l’allaitement est souhaitable en termes de santé publique, certes, certes…
Pourtant, je ne peux m’empêcher d’être mal à l’aise, et je ne suis apparemment pas la seule, si j’en crois les 1121 commentaires en moins de 24h sur le site de la BBC.

Dédicace Michel Odent au congrès LLL

Les éditions l’Instant Présent seront à Dourdan ce WE pour le congrès LLL. Dimanche après-midi, Michel Odent donnera une conférence sur ses recherches en santé primale, et le devenir de l’humain dans un contexte de naissance hypermédicalisée.

Michel Odent, dans son bureau à Londres

Michel Odent, dans son bureau à Londres

Et juste après cette conférence, il sera disponible pour répondre à vos questions et dédicacer ses livres. Pour plus de détails, demandez à Victorine et Claudia, au stand de l’Instant Présent !

Congrès LLL, Dourdan

Congrès LLL, Dourdan

A l’occasion de l’édition intégrale de son texte fondateur Le bébé est un mammifère, nous avons pu interviewer Michel Odent. Revoici les vidéos de ces interviews, où il nous parle de ces notions fondamentales que sont l’antagonisme adrénaline/ocytocine et le cocktail d’hormones de l’amour. Enjoy !

Première interview de Michel Odent
Seconde interview de Michel Odent

Maternologie en danger !

Maternologie en danger

Maternologie en danger

Une perspective qui nous désole, l’unité de maternologie risque d’être fermée.

Voici ce qu’en disent les maman-blues :

Nous avons été informés du risque de fermeture imminente (probablement avant la fin de l’année 2013) de l’Unité de Maternologie, unité d’hospitalisation conjointe mères-bébé et de soins ambulatoires en périnatalité, de Saint Cyr l’école dans les Yvelines.
Cette unité de Maternologie créée il y a 25 ans par Jean Marie Delassus, accueille et prend en charge des mères que la maternité (biologique ou adoptive) plonge dans de grandes souffrances psychiques. C’est un lieu de vigilance et d’anticipation d’éventuels troubles chez le bébé, consécutifs d’une relation mère-enfant défaillante.
Cette perspective est inacceptable, car elle ne pourrait se faire qu’au détriment de la santé des mères et de leurs bébés notamment de la région parisienne. Si la difficulté maternelle touche chaque année plus d’une mère sur 10 (80 000 personnes au total !), il n’existe hélas que très peu d’unités mères bébés en France et surtout de lits d’hospitalisation (temps plein ou de jour).

Réagissez avec nous, signez la pétition, parlez-en, et surtout consultez la page facebook pour diffuser au mieux l’information.

Avec un peu de mobilisation, on peut déplacer des montagnes.

L'Instant Présent soutient "Touche pas à ma maternologie"

L'Instant Présent soutient "Touche pas à ma maternologie"

L'instant Présent soutient les Maman Blues

L'instant Présent soutient les Maman Blues

sexisme pop : faites l’humour, c’est de bonne guerre

À moins que vous n’ayez été absorbé par les romans de votre nouvel auteur favori, vous n’avez pas pu manquer cette info alarmante pour les féministes : un clip parodique de “blurred lines” a été censuré sur youtube.

C’est-à-dire ?

Fin mars, le chanteur Robin Thicke sort une chanson dont la misogynie fait réagir ceux qui croient que le consentement mutuel est un préliminaire indispensable à tout acte sexuel. En gros, ce monsieur raconte que la fille qui dit “non” pense en fait “oui”, qu’elle a envie d’être violentée mais n’ose pas se l’avouer, et qu’elle sera particulièrement excitée si on la traite de salope et que ça serait particulièrement excitant si elle pouvait faire semblant que l’acte sexuel est douloureux. Tanith Carey explique bien que ce type de discours, d’autant plus qu’il est maintes fois répété, laisse des traces désolantes chez les spectateurs.

Mais bien sûr, comme toujours, ce sont les féministes qui disent ça et tout le monde sait qu’elles n’ont aucun sens de l’humour. En effet, dans un interview datant du mois de mai, Thicke raconte qu’en fait, c’est juste une grosse blague ! Rho, on n’avait pas compris, faut dire que nous les femmes, on est plus douées coté ménage que coté méninges… D’ailleurs, Thicke précise bien qu’il n’a lui-même jamais eu l’opportunité de dégrader une femme, parce que lui, les femmes, il les respecte trop. Il en a des malheurs tout de même ! Déjà que la première version de son clip avait été censurée sur youtube… A cause des paroles ? Non, mais on y voyait de la nudité, ce qui est insoutenable. Une fois les mannequins un peu rhabillées, le clip a été bienvenu sur le réseau.

Et a donné lieu à plusieurs parodies. Quand quelque chose nous révolte, on peut s’insurger, dénoncer, argumenter… On peut aussi faire rire, c’est un outil de lutte à l’efficacité démontrée. Parmi ces parodies, deux sont particulièrement intéressantes en ce qu’elles reflètent deux écoles, parmi beaucoup, de pensée féministe.

La première école prône l’accès à l’égalité des droits (ici le droit à ne pas être traité comme un bout de bidoche) en pratiquant l’inversion des genres, autant pour faire comprendre aux hommes ce qu’ils ressentiraient s’ils étaient traités de cette façon, que pour revendiquer une autonomie tant sexuelle qu’intellectuelle (en menaçant de castration les boulets de service…). Merci à Madmoizelle d’avoir traduit les paroles. C’est précisément ce clip qui a subi la censure, temporaire, de youtube, alors que le clip de Thicke qu’il reproduisait était toujours en ligne…

La seconde école s’attaque directement au concept de genre, comme relevant plus des conventions sociales que de la réalité intime et biologique. Les auteurs de ce clip sont des artistes et affirment avec intelligence que dénoncer l’objectification des femmes en se contentant d’inverser les rôles sociaux permet certes de ridiculiser la plupart des hommes mais ne montre pas à quel point cette exploitation se fait au détriment de l’ensemble de la société.

Pour le plaisir, j’évoque aussi la parodie intitulée “tan line”, qui vaut le détour, surtout pour son “behind the scene”, l’imitation des méthodes de drague version TGB (très gros boulet) par les actrices et la réaction des acteurs est un exemple particulièrement réussi d’inversion des genres…

L’instruction en famille, ampleur outre-atlantique

Aux USA, le pourcentage d’enfants instruits en famille augmente chaque année, soit désormais 2,9% des enfants américains. En d’autres termes, ce sont deux millions d’élèves qui n’iront pas à l’école à la rentrée…

Si l’instruction en famille à l’américaine a longtemps été décrite comme la marque des familles hyper-religieuses voulant protéger leurs enfants de discours pro-darwiniens, cela ne correspond plus à la réalité. Certes, les motivations religieuses restent importantes, parce que la religion est de toutes façons très présente dans presque toutes les décisions politiques, sociales et économiques aux USA, mais une proportion croissante de familles choisissent l’instruction en famille parce qu’ils considèrent, souvent à juste titre, que l’enfant en tire plus de bénéfices qu’en allant à l’école.

Voici le camembert des motivations des “homeschooling families” d’après wikipedia

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Les motivations religieuses ne représentent plus que 35% des décisions. Les motivations pédagogiques atteignent 24%, avec 17% des familles qui sont déçues par le niveau académique de l’école et 7% qui recherchent des approches pédagogiques alternatives. Ces 7%, cher lectorat, ce sont vous et nous ! Et si les statistiques sont justes, ce sont donc pas moins de 140 000 familles…

On peut désormais penser sans prendre trop de risques que l’instruction en famille est en train de devenir, tout simplement, un phénomène de société. Cet article du Wall Street Journal est un témoignages visant à montrer les aspects positifs de ce choix en termes pédagogiques : “My education in Home Schooling”

Comme souvent, ce sont surtout les commentaires (165 !) qui sont intéressants à lire, surtout ceux qui émanent d’adultes ayant été instruits en famille.

soumission à l’autorité : l’expérience de Milgram

Les excellentes éditions Zones (re)publient le livre de Stanley Milgram : Expérience sur l’obéissance et la désobéissance à l’autorité (et, comme pour tous leurs autres livres, mettent le texte à disposition en ligne, clic!)
Vous trouverez par ailleurs, dans le livre de John Holt : “Apprendre sans l’école, un chapitre intitulé “Les bourreaux obéissants : l’édifiante expérience de Stanley Milgram” pour réfléchir encore à ce propos et à la différence entre autorité officielle et autorité naturelle.
Citons-le “C’est une parfaite description de l’homme institutionnalisé, pour qui les institutions et leurs besoins sont devenus plus réels, plus urgents et plus impérieux que les besoins essentiels des humains. […] Seuls ceux qui savent obéir pour les bonnes raisons, n’obéiront pas pour les mauvaises et n’appuieront pas sur les boutons de torture, quel que soit celui qui leur ordonne d’appuyer.”

Le magazine alternatif Grandir Autrement en kiosque ? Il n’en tient qu’à nous tous…

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Le magazine Grandir Autrement est alternatif dans sa philosophie, dans son approche, à la plupart des magazines à destination des parents. Le magazine des “parents nature” fêtera ses 7 ans d’existence en septembre prochain et à ce titre va tenter sa diffusion en kiosque. Un pari audacieux lorsque l’on connaît les dessous de la diffusion en kiosque… souvent un beau gâchis écologique par la destruction de milliers d’invendus, en effet il faut approvisionner beaucoup pour vendre … beaucoup moins !
Mais Grandir Autrement, après avoir consulté ses membres, fait le pari d’être distribué en kiosque sans destruction des invendus, pari audacieux et les éditions l’Instant Présent ne peuvent que saluer cette initiative écolo-durable !
Pour réussir leur pari ils ont besoin de nous tous, la première mise de fonds est importante, vous pouvez participer à cet effort sur le site ulule ici.
Nous souhaitons donc que vous serez nombreux à soutenir un tel projet, et au-delà de ce projet particulier, il s’agit de soutenir qu’un autre modèle économique est possible.
Bravo à Grandir Autrement, et… rendez-vous en septembre 2013 en kiosque, on y croit !