Le nouveau coronavirus et l’avenir du B.C.G.

Publication de Michel Odent, auteur de nombreux ouvrages, dont Le Bébé est un mammifère aux Éditions l’Instant Présent.

À la fin du vingtième siècle, alors que la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord avaient interrompu la vaccination quasi-systématique contre la tuberculose par le BCG, j’ai publié dans Lancet un article suggérant que le BCG pourrait avoir un avenir en tant qu’immunomodulateur1. Rappelons que le BCG contient une souche atténuée d’un « cousin » de Mycobacterium Tuberculosis. Peu après, en Guinée Bissau, Peter Aaby et son équipe révélèrent que l’un des effets du BCG était de réduire les taux de mortalité infantile (indépendamment de l’effet préventif vis-à-vis de la tuberculose)2.

En 2016, dans un contexte scientifique renouvelé, j’ai suggéré que le BCG pourrait être évalué en tant que façon de compenser les effets de la privation microbienne habituelle dans la période néonatale précoce sur la programmation du système immunitaire3.

Dans un tel contexte, nous pouvons observer un point commun entre des pays ou le contrôle de l’épidémie à Covid-19 a été plus efficace que dans d’autres, jusqu’à présent : ce sont des pays où l’ensemble de la population a été vacciné par le BCG depuis le milieu du vingtième siècle. C’est le cas, en particulier, de la Chine (y compris Taiwan), de la Russie, de la Corée du Sud, du Japon, de Singapour, du Vietnam, de l’Inde, et de l’Amérique latine.

Les continents Américains offrent un contraste qui incite à la réflexion. Les leaders des deux grandes nations latino-américaines (Mexique et Brésil) ont tendance à minimiser la dangerosité du virus Covid-19, alors que l’épidémie est, jusqu’à présent, incontrôlable aux États-Unis et au Canada. Ces deux pays Nord-Américains, comme les pays d’Europe occidentale, ont abandonné la vaccination systématique par le BCG il y a plusieurs décennies.

En présentant ces corrélations bizarres, et apparemment sans intérêt étant donné la grande diversité de facteurs qui peuvent être pris en considération, mon seul but est d’ajouter des raisons de souligner le besoin d’études randomisées contrôlées destinées à évaluer les effets préventifs possibles du BCG vis-à-vis des infections à coronavirus. De tels projets existent déjà à Utrecht (Hollande), à Melbourne (Australie), à l’Institut Max Plank (Allemagne) et au Royaume-Uni. Il est théoriquement plus satisfaisant de démontrer les effets positifs du BCG en tant qu’immunomodulateur que de développer des vaccins coûteux, ayant une cible limitée, et qui ne seront sans doute disponibles qu’à la fin de l’épidémie actuelle. Et que penser des effets immunorégulateurs possibles de certaines composantes de la médecine traditionnelle chinoise qui ont été largement utilisées à l’épicentre de l’épidémie ?

En attendant, j’élargirai le sujet en présentant un extrait de mon chapitre intitulé « Homo sapiens et la virosphère » (dans La Naissance et l’Avenir d’Homo sapiens, livre publié au Hêtre Myriadis en 2014) :

… « Dans l’avenir le principal sujet ne devrait plus être l’histoire des relations entre humains, mais l’histoire des relations entre l’Humanité et la Terre-Mère. La virosphère est une composante majeure de Gaia… de la Terre-Mère en tant qu’organisme avec des fonctions autorégulatrices ».

Michel Odent

Auteur de The Future of Homo

 

 

Références :

1- Odent M., The Future of BCG, Lancet, 1999; 354: 2170

2-Kristensen I, Aaby P, Jensen H, Routine vaccinations and child survival: follow up study in Guinea-Bissau, West Africa, BMJ, 2000 Dec 9;321(7274):1435-8.

3- Odent M., The Future of neonatal BCG, Med Hypotheses, 2016; 91:34-36