sexisme pop : faites l’humour, c’est de bonne guerre

À moins que vous n’ayez été absorbé par les romans de votre nouvel auteur favori, vous n’avez pas pu manquer cette info alarmante pour les féministes : un clip parodique de “blurred lines” a été censuré sur youtube.

C’est-à-dire ?

Fin mars, le chanteur Robin Thicke sort une chanson dont la misogynie fait réagir ceux qui croient que le consentement mutuel est un préliminaire indispensable à tout acte sexuel. En gros, ce monsieur raconte que la fille qui dit “non” pense en fait “oui”, qu’elle a envie d’être violentée mais n’ose pas se l’avouer, et qu’elle sera particulièrement excitée si on la traite de salope et que ça serait particulièrement excitant si elle pouvait faire semblant que l’acte sexuel est douloureux. Tanith Carey explique bien que ce type de discours, d’autant plus qu’il est maintes fois répété, laisse des traces désolantes chez les spectateurs.

Mais bien sûr, comme toujours, ce sont les féministes qui disent ça et tout le monde sait qu’elles n’ont aucun sens de l’humour. En effet, dans un interview datant du mois de mai, Thicke raconte qu’en fait, c’est juste une grosse blague ! Rho, on n’avait pas compris, faut dire que nous les femmes, on est plus douées coté ménage que coté méninges… D’ailleurs, Thicke précise bien qu’il n’a lui-même jamais eu l’opportunité de dégrader une femme, parce que lui, les femmes, il les respecte trop. Il en a des malheurs tout de même ! Déjà que la première version de son clip avait été censurée sur youtube… A cause des paroles ? Non, mais on y voyait de la nudité, ce qui est insoutenable. Une fois les mannequins un peu rhabillées, le clip a été bienvenu sur le réseau.

Et a donné lieu à plusieurs parodies. Quand quelque chose nous révolte, on peut s’insurger, dénoncer, argumenter… On peut aussi faire rire, c’est un outil de lutte à l’efficacité démontrée. Parmi ces parodies, deux sont particulièrement intéressantes en ce qu’elles reflètent deux écoles, parmi beaucoup, de pensée féministe.

La première école prône l’accès à l’égalité des droits (ici le droit à ne pas être traité comme un bout de bidoche) en pratiquant l’inversion des genres, autant pour faire comprendre aux hommes ce qu’ils ressentiraient s’ils étaient traités de cette façon, que pour revendiquer une autonomie tant sexuelle qu’intellectuelle (en menaçant de castration les boulets de service…). Merci à Madmoizelle d’avoir traduit les paroles. C’est précisément ce clip qui a subi la censure, temporaire, de youtube, alors que le clip de Thicke qu’il reproduisait était toujours en ligne…

La seconde école s’attaque directement au concept de genre, comme relevant plus des conventions sociales que de la réalité intime et biologique. Les auteurs de ce clip sont des artistes et affirment avec intelligence que dénoncer l’objectification des femmes en se contentant d’inverser les rôles sociaux permet certes de ridiculiser la plupart des hommes mais ne montre pas à quel point cette exploitation se fait au détriment de l’ensemble de la société.

Pour le plaisir, j’évoque aussi la parodie intitulée “tan line”, qui vaut le détour, surtout pour son “behind the scene”, l’imitation des méthodes de drague version TGB (très gros boulet) par les actrices et la réaction des acteurs est un exemple particulièrement réussi d’inversion des genres…