Avoir foi en son enfant et en soi
Voici un témoignage que j’avais écrit en 2004 sur la liste de discussion Parents Conscients. J’y repense régulièrement, lorsque nous avons des moments difficiles avec nos enfants.
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“La foi”
Non, je ne parle pas de la foi en Dieu, même si j’aimerais discuter un jour avec vous de la question de la religion en rapport avec l’enfant, mais je veux plutôt parler de la foi en soi.
Voila ce qui s’est passé récemment :
au cours des dernières semaines, nos rapports à notre fille de bientôt 4 ans, lentement, se sont dégradés. Nous étions absorbés par nos problèmes, peu disponibles (des invités à la maison tout le temps), pas très attentifs aux soucis qu’elle traverse.
Et puis, pendant la dernière semaine, alors que nous prenions des simili-vacances, tout est allé très vite : notre fille habituellement si forte, intelligente et co-coopérative, est devenue un de ces enfants difficiles, qui refusent d’écouter, qui accumulent les bêtises, ne respectent pas les autres, etc. (bon, j’exagere un peu, mais tout de même, le changement était frappant). C’était très dur et très
déprimant, je ne savais pas du tout comment réagir, et je sentais ma fille souffrir et la situation s’envenimer dangereusement.
Et puis, alors que j’étais seule avec elle en train de prendre des photos de la façade d’une église, nous entendons un enfant pleurer dans un trolley bus gare près de nous (apparemment en location pour le mariage qui se déroulait a l’intérieur), et une dame nous appelle, nous dit monter dans le trolley. Là , une petite fille de deux ans est roulée en boule sur la banquette, pleine de larmes. La dame nous
explique que la maman est coincée dans la cérémonie du mariage et qu’elle ne sait comment consoler la petite, et qu’elle espère que ma fille voudra bien jouer avec elle. Ma fille, à la fois intimidée et ravie d’avoir eu le droit de monter dans le trolley n’a pas joué avec la petite, mais moi, c’est sorti tout seul, je me suis mise à sa
hauteur, lui ai parlé, lui ai caressé le front et ce point entre les sourcil, bref, tout venait naturellement, et la petite fille s’est calmée et allait mieux.
En revenant, je me posais cette question :
comment se fait-il que je sache consoler une enfant inconnue alors que je suis devenue, en quelques jours, incapable de m’adresser à ma propre fille ?
Et la réponse s’est imposée : je n’avais plus foi en moi, plus foi en ma capacité à répondre adéquatement à ses besoins et demandes. Ce n’est pas venu par hasard, car je suis en grands questionnements par rapport à ma propre histoire. Alors j’ai repensé à cette évidence qui me liait à ma fille-nourrisson, et je me suis à nouveau sentie remplie de cette force un peu transcendante, qui relie tous les parents du monde, j’en suis certaine. Je me sens à nouveau forte et tranquille, même si je suis toujours très secouée par mes investigations intérieures. Et ma fille ? Ça a été immédiat. Tout de suite le contact est revenu et la communication est facile. Je ne dis pas que nous avons réglé toutes les difficultés rencontrées, mais maintenant nous sommes *avec* elle, pas contre elle.