Une mise au point nécessaire à propos du changement de sous-titre de Tremblements de Mères lors de son retirage

En mars 2014, le premier tirage venant à s’épuiser, nous avons procédé à la réimpression de Tremblements de Mères, le livre de Maman Blues.
Des réimpressions, nous en faisons régulièrement sur les titres de notre catalogue, et c’est l’occasion d’une petite toilette : nous demandons à l’auteur s’il souhaite apporter des modifications à son texte, nous corrigeons les coquilles qui nous auraient échappées, etc.
Pour Tremblements de Mères, nous avons aussi réalisé un re-maquettage complet pour permettre de gagner en pagination et baisser le prix du livre, qui est effectivement passé de 26,90 € à 23 € : il devient ainsi accessible à un public plus large.
Nous collaborons aussi depuis un an et demi avec un diffuseur qui nous aide à faire que nos livres soient présents en librairies généralistes. Sur leurs conseils, nous avons adopté entre autre une nouvelle charte graphique, ainsi au fur et à mesure des retirages, nous revoyons toutes nos couvertures, et cela a donc été le cas pour Tremblements de mères.
ombre_mere_enfant_rizckBien entendu, nous avons gardé le magnifique tableau de Renata Rizk (www.rizck.com). Puis, à un moment, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de faire figurer dans le sous-titre le terme de « Dépression du Post-Partum ». C’est ainsi qu’il s’est trouvé accolé au sous-titre précédent « Le visage caché de la maternité ». Nous pensions qu’il permettrait à des personnes qui n’étaient pas familières avec les termes de « Difficulté Maternelle », de trouver une piste qui les mènerait vers cet univers beaucoup plus vaste et complexe.
Qui sait ce qui va accrocher une mère, ou le proche d’une mère en souffrance ? Pour certaines, ça peut être simplement le hautement inadéquat « baby blues » qui sera une porte d’entrée, tandis que d’autres fuiront à l’évocation du mot de dépression. Quoiqu’il en soit, cela nous avait paru une bonne idée à l’époque.
Cependant, nous le reconnaissons et en éprouvons une vive contrition, nous avons commis une véritable faute en oubliant de consulter les co-auteures du livre à ce sujet. Nous avons généralement de longs échanges avec nos auteurs, notre rôle étant de les accompagner pour obtenir des textes aussi compréhensibles, clairs et fluides que possible ; mais quel que soit notre avis, le dernier mot revient de toutes façons à l’auteur. L’édition de Tremblements de Mères avait justement été, en 2009-2010, un travail passionnant, réalisé de concert, avec les dix co-auteures du livre. C’est donc un oubli réellement stupide de notre part que de ne pas les avoir conviées à discuter du changement éventuel de sous-titre, et nous le regrettons sincèrement.
En effet, il se trouve que certaines des co-auteures réprouvent fortement ce changement.
C’est vrai, le livre Tremblements de Mères est en lui-même une revendication de la spécificité de la Difficulté Maternelle : autant de profils différents, de développements, d’histoires imprévisibles pour figurer cette difficulté à devenir mère. Rien qui ne puisse de fait se résumer à Dépression du Post Partum, diagnostic trop facilement dégainé et trop facilement supposé guérissable à coups d’antidépresseurs. Citons le livre p 375 :

Mais si la pose d’un diagnostic soulage dans un premier temps, en donnant une réalité aux éprouvés et à la peur de devenir folle, n’être considérée que sous l’angle de la dépression et de ses défaillances psychiques peut, à la longue, constituer une atteinte insupportable à l’identité naissante d’une mère. Cela peut aussi devenir un « prétexte » à ne pas entreprendre une démarche plus introspective. Véronique Boureau-Louvet, psychanalyste en unité de Maternologie, le résume poétiquement en ces termes :
Une maternité, c’est comme un rendez-vous d’amour. Comment une femme peut-elle s’y rendre si elle sent que son identité maternelle est disqualifiée, non seulement par elle-même mais aussi par le jugement des autres ?

Ainsi réduits à des symptômes et à une pathologie répertoriés et traités médicalement, ces états de maternité psychique se retrouvent hélas dépouillés de tout ce qui pouvait aider à comprendre quelque chose de la maternité de ces femmes, et de la maternité en général. Il sera beaucoup plus difficile par la suite de mener une réflexion allant dans le sens de leur reconnaître un caractère existentiel, presque inhérent à la maternité humaine, et fondateur.

Or il a existé, jusqu’à l’année dernière, un service médical, l’unité de Maternologie de Saint-Cyr-l’école (maternologie.info), qui a permis d’initier une prise en charge nouvelle des mères en difficulté, et de porter un nouveau regard médical et humain sur ces difficultés.
Ce service, malgré son caractère novateur, a fait l’objet de menaces de fermeture, qui se sont concrétisées l’an dernier ; la mort, le 27 aout dernier, de son fondateur, le Dr Jean-Marie Delassus a également porté un terrible coup aux conceptions qui étaient défendues dans l’unité.

Nous comprenons que cumulés, ces événements qui portent atteinte à ce regard humanisé sur les mères risquent de remettre au premier plan un regard uniquement psychiatrisé, donnant l’impression d’un retour en arrière insupportable au vu du travail accompli, de l’énergie investie.

En tant qu’éditrices, nous prenons les trois mesures à notre disposition pour tenter de rattraper cette erreur fautive :
– publier cette mise au point sur notre site internet et notre page Facebook ;
– ajouter un erratum papier dans les livres de ce tirage dont nous assurons la vente directement via notre boutique en ligne;
– rectifier bien entendu lors de la prochaine réimpression.

Encore une fois, nous présentons nos sincères excuses à toutes celles que ce changement a pu heurter, mettre en colère, peiner.

Un documentaire sur la difficulté maternelle a besoin de soutien

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Nous avons reçu ce message de l’association Maman Blues, auteur collectif du livre Tremblements de mères, le visage caché de la maternité. Chloé Guerber-Cahuzac, membre actif de Maman Blues depuis sa création est en train de réaliser un documentaire, intitulé “L’autre naissance”.
« Le film n’est pas complètement fini par manque d’argent. Depuis un an et demi, il est même complètement bloqué. Nous avons cherché des mécènes, mais ceux-ci ne s’intéressent pas à la souffrance psychique, surtout quand il s’agit d’un sujet aussi brûlant et tabou. Nous avons des partenariats avec des chaînes du câble qui acceptent de le diffuser, mais elles n’apportent pas d’argent pour le finir. Les chaînes plus prospères préfèrent aborder le sujet de façon moins frontale, notamment via des talk-show. Avec Maman blues qui soutient le projet, nous avons choisi de faire un appel à dons. C’est à ce titre que je sollicite votre attention et votre soutien aujourd’hui » Chloé.
En savoir plus sur ce documentaire : http://www.mailforgood.com/associations/maman-blues
Ce film, produit par Abacaris films, a déjà reçu l’aide du fonds de soutien du CNC. Il est aussi soutenu avec conviction par des marraines talentueuses :
les écrivains Annie Ernaux, Marie Darrieussecq, Gwenaëlle Aubry et Valentine Goby.
Chloé Guerber-Cahuzac souhaite le diffuser à la télévision et en salle, mais aussi réaliser un dvd avec un livret d’accompagnement, contenant les textes de ces marraines écrivains.
Ce film a été réalisé en partenariat étroit avec l’association Maman Blues. 3 de ses coprésidentes et une de ses membres y témoignent.
Depuis plusieurs années, Maman Blues cherche à faire mieux connaître la difficulté maternelle (souvent appelée dépression du post-partum, mais qui peut prendre d’autres formes).
Ce problème de santé psychique touche une femme sur dix soit environs 85 000 femmes par an.
Il s’agit d’une souffrance psychique qui altère le lien entre la mère et
l’enfant juste après la naissance. Elle s’exprime différemment selon les situations : la mère ne sent pas d’attachement pour son enfant ; elle l’aime, mais a des crises d’angoisse terribles lorsqu’elle est seule avec lui ; elle se sent incapable de répondre à ses attentes et perd toute confiance en elle, etc.
La difficulté maternelle – qui interroge donc le « devenir mère » – peut conduire les femmes à sombrer dans la dépression, à avoir des pensées suicidaires. Elle peut aussi avoir des conséquences graves sur le développement de l’enfant.
Or, nous constatons aujourd’hui qu’il existe très peu d’unités mère-enfant (moins de 100 lits sur tout le territoire français), que les professionnels de santé sont souvent peu formés sur ces questions et que les mères n’osent pas se faire aider tant leurs sentiments de honte et leur mal-être sont douloureux. La
question reste taboue.
L’association Maman Blues mène déjà un travail de sensibilisation via son site internet, ses groupes discussion et son ouvrage Tremblements de mères.
En tant que réalisatrice, Chloé Guerber-Cahuzac a choisi de réaliser un documentaire de création constitué de quatre témoignages de femmes ayant traversé une grande difficulté maternelle. A l’heure des talk show télévisés et des reportages simplificateurs, se concentrer uniquement sur la parole dense,
juste et belle de femmes qui pensent leur vie, veulent partager leur expérience, est un choix esthétique fort. C’est à cette parole que nos marraines ont été sensibles.
Pour l’association Maman Blues, cette œuvre cinématographique sera bien sûr aussi un outil de travail.
Nous sommes ici au carrefour entre création et action sociale. Le film permettra d’organiser des rencontres dans des PMI, des maternités, des maisons ouvertes et autres structures tournées vers la petite enfance. Il s’agira pour l’association de mettre en place des projections/ débats avec les familles et
les professionnels de santé. Le film sera donc un outil pour libérer la parole, briser les tabous et échanger.
Le film voyagera avec les membres de l’association dans différentes régions où Maman Blues a des relais (Lyon, Toulouse, Rennes, Fontainebleau,Crest, etc).
Pourquoi un documentaire avec « que » des mamans ?
Après plusieurs années d’écoute des mamans qui viennent se confier anonymement sur le forum de discussion de l’association, le constat est toujours le même : Le témoignage (à travers le film et à travers les débats) est vraiment la seule méthode efficace et pertinente pour présenter la difficulté maternelle de l’intérieur, pour expliquer sa complexité et sa gravité.
C’est ainsi que l’on peut convaincre des femmes en souffrance, qu’elles ne sont pas seules dans leur cas et qu’elles peuvent se faire aider. C’est parce qu’elles entendent d’autres mamans se confier, raconter cette traversée difficile qu’elles osent parler d’elles.
Pour les professionnels de santé, écouter une femme raconter ce qu’elle a vécu de l’intérieur conduit souvent aussi à une meilleure prise en charge de leurs patientes.
Aujourd’hui, nous sommes donc à la recherche de “citoyens mécènes” sensibles à cette question maternelle si essentielle pour notre société. Ainsi pourrons-nous enfin achever ce film et le partager.
Merci à tous de votre soutien,
Chloé Guerber-Cahuzac et l’association Maman Blues »