Il y a une incompatibilité fondamentale entre la théorie de l’attachement, à laquelle se réfèrent la plupart de nos livres, et les théories psychanalytiques, qui prônent une séparation mère-bébé. La théorie de l’attachement a pourtant été formulée par un psychanalyste, John Bowlby, et fondée en partie sur les propositions d’un autre psychanalyste, Donald Winnicott. Il est vrai que ces deux penseurs ont pris des distances importantes avec le dogme psychanalytique, accordant plus d’importance à l’observation et à la clinique.
L’incompatibilité attachement/psychanalyse a été bien décrite dans les livres d’Alice Miller et dans le passionnant échange entre Olivier Maurel et Michel Pouquet, paru sous le titre “Oedipe et Laïos: dialogue sur l’origine de la violence”. C’est un débat particulièrement pertinent en France, où l’influence des concepts psychanalytiques reste majeure dans le secteur psychiatrique, ce qui n’est plus le cas dans les autres pays (à l’exception de l’Argentine et de la Suisse). Il en résulte que l’approche de certaines pathologies est non seulement faussée par cette influence, mais surtout que la prise en charge des patients est inefficace, voire nocive, et fait perdre un temps précieux dans toutes les situations où une approche pluridisciplinaire, précoce et adaptée est nécessaire.
L’inaptitude de la psychanalyse à aider les patients* et à rendre compte de ce qu’ils vivent est frappante dans le cas de l’autisme infantile. La situation française de ces enfants est tout à fait particulière, révoltante disent certains, puisque le secteur psychiatrique est très en retard sur l’ensemble du monde médical et échoue à offrir l’accompagnement qui permettrait à ces enfants de développer les compétences nécessaires à une vie autonome et équilibrée. De plus, la psychiatrie française utilise toujours des pratiques qui relèvent d’une déontologie douteuse, telles que le packing ou le refus de communiquer un diagnostic aux parents**.
C’est le sujet d’un documentaire intitulé “Le mur”, réalisé par Sophie Robert, avec le soutien de l’association Autistes sans Frontières. Vous pouvez voir ci-dessous ce documentaire de 52 minutes en trois volets. Nous vous recommandons également le bonus en deux parties, où le Dr Monica Zilbovicius expose les connaissances scientifiques actuelles au sujet de l’autisme. Enfin, l’interview de la réalisatrice Sophie Robert par le collectif Autisme Info31 est passionnant.
LE MUR, La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme – Partie 1 from linkiz on Vimeo.
LE MUR – La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme – Partie 2 from linkiz on Vimeo.
LE MUR – La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme – Partie 3 from linkiz on Vimeo.
LE MUR – La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. Bonus Partie 1 from linkiz on Vimeo.
LE MUR – La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme. Bonus Partie 2 from linkiz on Vimeo.
itw de Sophie Robert par autisme.info31 par autisme_info31
*Notez qu’un bon clinicien, quel que soit son support théorique, peut toujours apporter une aide, et qu’à l’inverse, un mauvais clinicien, même s’il s’appuie sur des données fiables et solides, n’apportera qu’une aide restreinte. Mais pour des enfants présentant des troubles du développement, on préférera d’excellents cliniciens qui se réfèrent a des théories aussi bien démontrées que possible !
** en toute illégalité