(Cet extrait est repris dans mon livre Les Années de Lait)
Extrait du livre :Le concept du continuum, À la recherche du bonheur perdu, de Jean Liedloff, pages 96 et 97, avec l’aimable autorisation des éditions Ambre www.editionsambre.com (l’extrait complet est disponible sur la page www.editionsambre.com/pdf/continuum_continuum.qxp.pdf).
« Envisageons à présent les expériences des bébés non-continuum des cultures occidentales contemporaines. […] Il pleure et pleure encore ; ses poumons, nouvellement exposés à l’air, sont épuisés par le désespoir dans son cœur. Personne ne vient. Faisant confiance à la vie, comme il est inscrit dans sa nature, il fait la seule chose dont il est capable, et continue à pleurer. Finalement, une éternité plus tard, il s’endort, épuisé.
Il se réveille au milieu d’un silence cruel, dans l’oubli, dans un endroit sans vie. Il crie. Des pieds à la tête, il brûle de désir, de volonté et d’impatience. Il suffoque et hurle jusqu’à ce que ses sanglots résonnent dans sa tête et la fassent vibrer. Il crie jusqu’à ressentir une douleur dans la poitrine et dans la gorge. Il ne peut plus supporter cette souffrance. Ses sanglots s’affaiblissent et cessent. Il écoute. Il ouvre et ferme les poings. Il roule la tête d’un côté puis de l’autre. Rien n’y fait. C’est insupportable. Il recommence à pleurer, mais cela en est trop pour sa gorge épuisée ; il s’arrête. Il raidit son petit corps torturé par le désir et en retire un léger soulagement. Il agite les mains et gigote. Il s’arrête, capable de souffrir, mais incapable de penser, incapable d’espérer. Il écoute et se rendort. »