Dédicace Michel Odent au congrès LLL

Les éditions l’Instant Présent seront à Dourdan ce WE pour le congrès LLL. Dimanche après-midi, Michel Odent donnera une conférence sur ses recherches en santé primale, et le devenir de l’humain dans un contexte de naissance hypermédicalisée.

Michel Odent, dans son bureau à Londres

Michel Odent, dans son bureau à Londres

Et juste après cette conférence, il sera disponible pour répondre à vos questions et dédicacer ses livres. Pour plus de détails, demandez à Victorine et Claudia, au stand de l’Instant Présent !

Congrès LLL, Dourdan

Congrès LLL, Dourdan

A l’occasion de l’édition intégrale de son texte fondateur Le bébé est un mammifère, nous avons pu interviewer Michel Odent. Revoici les vidéos de ces interviews, où il nous parle de ces notions fondamentales que sont l’antagonisme adrénaline/ocytocine et le cocktail d’hormones de l’amour. Enjoy !

Première interview de Michel Odent
Seconde interview de Michel Odent

Newsletter, novembre 2013

Chères lectrices, chers lecteurs,

L’automne est le moment propice pour choisir les lectures qui vous accompagneront tout au long des longues soirées à venir ; voici donc nos nouveautés :

Les nouveautés

“La pédagogie de la mouche” de Bernard Collot est sorti cet été.

Une mouche s’est posée sur une vitre de la salle de classe… et il s’ensuit des effets imprévisibles. Ces effets sont tous vecteurs d’apprentissages des langages, si l’enseignant les laisse se développer.
Pendant 40 ans, Bernard Collot a mis au point dans sa classe unique à la campagne une “pédagogie du 3e type”. Les enfants choisissent ce qu’ils apprennent et ça fonctionne, parce que les apprentissage font sens.
www.editions-instant-present.com/la-pédagogie-de-la-mouche-p-63.html

Un nouveau livre de Bernard Collot est actuellement en souscription, à 14 euros au lieu de 18 euros, “Chroniques d’une école du 3e type”, tome 1.

Il approfondit les propos du précédent : Bernard Collot raconte l’organisation spatiale de sa classe, l’importance du multi-âge et du respect du rythme des enfants, l’absence d’évaluation, la socialisation, le développement des compétences en lecture, mathématiques, sciences etc. Ecrit pour les enseignants souhaitant offrir un cadre plus épanouissant à leurs élèves, ce livre est passionnant pour toutes les familles, car Bernard Collot valide dans un cadre scolaire ce que nombre de familles ont pu observer en matière d’apprentissages de leurs enfants.
www.editions-instant-present.com/chroniques-dune-école-du-3e-type-tome-1-souscription-p-65.html

“Stop à l’hypersexualisation”, Tanith Carey

Tanith Carey nous parle de l’hypersexualisation que subissent aujourd’hui nos enfants. Soutien-gorge rembourré en taille 7 ans, talons hauts pour petites filles, et même kits de lap-dance à destination des enfants : trop tôt, trop vite, on les prive de leur insouciance pour les propulser vers une sexualité adulte. Bombardées de tous les côtés par des incitations médiatiques et commerciales à être toujours plus minces et “sexy”, les jeunes filles risquent d’être entraînées dans une spirale de comportements auto-destructeurs.
www.editions-instant-present.com/stop-à-lhypersexualisation-p-64.html

“À l’école de la vie, Les apprentissages informels sous le regard des sciences de l’éducation”, Alan Thomas et Harriet Pattison

C’est LE livre qui rassérène quand on vit avec ses enfants en apprentissage non-contraint/informel/autonome/unschoolé. Alan Thomas a rassemblé de passionnantes études issues de la recherche : comment l’apprentissage informel se met-il en place ? Comment le laisser s’épanouir pour que les enfants puissent profiter de sa grande richesse ? En s’appuyant sur des témoignages vivants et variés de parents, Harriet Pattison décrit l’importance du jeu et de la conversation dans les processus d’apprentissage ; elle aborde la façon dont les enfants découvrent la lecture, l’écriture et les mathématiques au cours de leur vie quotidienne.
www.editions-instant-present.com/À-lécole-de-la-vie-p-52.html

“Au Nom du Père, Les années Bush et l’héritage de la violence éducative”, Marc-André Cotton. Le livre est en souscription à 20 euros au lieu de 24 euros.

Après le traumatisme du 11 Septembre 2001, les Américains ont suivi l’administration Bush dans sa volonté d’augmenter les dépenses militaires pour contrer la « menace terroriste » et attaquer l’Irak afin de faire main basse sur les richesses pétrolières. Les tortures d’Abu-Ghraib et de Guantámano ont montré à quelles extrémités le pouvoir alors en place à Washington était prêt à céder pour parvenir à ses fins. Tant d’animosité belliqueuse va pourtant au-delà des appétits d’une ploutocratie a priori insatiable : il y a d’autres motivations plus profondes.
Le livre de Marc-André Cotton est une brillante enquête à la recherche de ces motivations inavouées, au sein de la caste dirigeante américaine comme dans la population si prompte à accepter de voir ses libertés bafouées au nom d’une prétendue « sécurité ». Victimes des schémas de soumission installés dans l’enfance par la violence de leur éducation, les Américains n’ont pas su s’opposer à la brutalité que leurs dirigeants entendaient mettre en œuvre sur la scène internationale.
www.editions-instant-present.com/ANDP

Quelques nouvelles de nos rééditions


“Le quotidien avec mon enfant”, Adapter l’environnement du petit enfant suivant la pédagogie Montessori de Jeannette Toulemonde, rajeuni et modernisé par Odile Anot, rédactrice en chef du magazine “L’enfant et la vie”, sort dans quelques jours de chez l’imprimeur et sera de nouveau disponible.www.editions-instant-present.com/quotidien-enfant-Montessori

“Tremblements de mères” de Maman Blues est en train d’être remis en page afin de diminuer son prix.
Un livre sur le même thème de la difficulté d’attachement, à destination des enfants, “Echarde de glace” , viendra le compléter dans quelques mois.

Nos projets pour 2014

Dans les projets à venir, un livre de l’association Césarine sur la césarienne sera bientôt au catalogue.
Un livre féministe (au sens où nous l’entendons !) sur l’enfantement est en cours d’écriture.
Après le succès d’ ”Apprendre à lire en famille” de Marlène Martin, nous préparons le complément, des livrets concrets d’aide à l’apprentissage de la lecture. Avec “ALF en 100 pages” selon notre nom de code, l’approche de Marlène Martin sera adaptée aux familles qui ont besoin d’aller à l’essentiel sans avoir besoin de l’étayage théorique de la démarche.
“L’apprentissage des maths en famille” est enfin prévu pour fin 2014.
Trois traductions nous tiennent à coeur : Unconditionnal Parenting” d’Alfie Kohn, prévu pour mi-2014, Escape from Childhood” de John Holt pour fin 2014.
Le nouveau livre de Sarah Blaffer Hrdy, “Mothers and others sur les “allo-parents” sera pour début 2015. Claude Didierjean-Jouveau a parlé de ces proches de la famille qui s’occupent du bébé -évitant aux mères le burn-out- aux Vendredis intellos (http://lesvendredisintellos.com/2012/02/02/retour-sur-mere-pere-et-alloparents-guest).

Réseaux de ventes

Amazon : après trois mois de rupture de nos livres sur Amazon en raison de notre nouveau contrat avec un diffuseur (celui qui présente les livres aux libraires, le distributeur est celui qui les achemine), les livres sont enfin de nouveau disponibles. Les parents n’ayant guère de temps de flâner en librairie, Amazon est très important pour notre équilibre financier.
Néanmoins ce qui nous aide le plus est la vente en direct sur notre boutique www.editions-instant-present.com. Paiement possible par carte bleue, paypal, chèque, virement, pas de frais d’envoi au dessus de 11 euros. Nous nous efforçons d’envoyer les livrees au plus tard le lendemain.
Avec ce travail de diffuseur, nos livres seront davantage présents en librairie. N’hésitez pas à parler de vos livres préférés à votre libraire préféré, ça va peut-être enrichir son horizon !

Pour nous rencontrer

Nous serons présentes au prochain congrès de la Leche League qui aura lieu à Dourdan (91) les samedi 9 et dimanche 10 novembre prochain.
www.lllfrance.org/Evenements-Manifestations/Congres-LLL-France-2013-les-9-et-10-novembre.html.
Nous vous souhaitons de belles lectures enrichissantes,
Victorine Meyers, Cristelle Barillon, Marlène Martin, Fabienne Cazalis, Claudia Renau

Comment ôter toute moelle à l’apprentissage de la lecture

A. est une petite fille de 6 ans, vive, joyeuse, curieuse, qui adore l’école maternelle de son village. Mais depuis le mois de septembre, alors qu’elle est passée dans la grande école, ça ne va plus si bien pour A., elle s’ennuie, tourne en rond… Ses parents sont inquiets et se posent des questions. L’institutrice qui est très jeune et n’a connu que cet établissement semble désemparée.

Mais lorsque le papa assiste à la première réunion d’information de l’école, tout s’éclaire. Lisez ce texte qu’il a écrit pour ses proches, et pour vous aussi tout s’éclairera. À mon avis, chers lecteurs, vous vous départagerez en deux groupes : ceux qui pensent à leurs années de jeunes parents et grincent des dents, et ceux qui pensent à leur enfance, plongés dans les tristes souvenirs de ces années où ils ont été directement confrontés à une de ces Mme R*…

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J’ai tout compris à l’apprentissage de la lecture.
Une dame d’une soixantaine d’années assène cette vérité d’une voix forte face aux parents, dans la classe d’A, 6 ans.

La soirée d’accueil des parents par les enseignants, dans l’unique classe illuminée au milieu de la nuit noire et brumeuse, est un moment à la fois convenu, un peu ennuyeux et touchant. S’asseoir à la place de sa fille, regarder ses affaires, voir l’endroit où elle passe ses heures diurnes, tout comme elle est déjà venue s’asseoir au bureau où je travaille. Elle m’a fait un dessin sur le tableau blanc du bureau, je lui ai fait un dessin dans son cahier, elle une princesse, moi un robot, nous sommes quittes.

Je suis arrivé en retard, deux minutes, que tous me pardonnent. Cela m’a empêché d’entendre qui était la dame qui a parlé en premier, avant la maîtresse, en au nom de quoi elle parlait. J’ai compris finalement que madame R* intervenait « une période[1] tous les quinze jours », ce qui explique sans doute pourquoi elle a discouru vingt-cinq minutes, à peu près autant que la jeune mademoiselle […] (qui, elle, intervient si je compte bien environ 22 périodes par semaine).

Apprendre à lire aux enfants, c’est ma passion, mon dada. (…) Je sais ce qu’il faut faire

Depuis 35 ans que je pratique… (…) J’ai tout compris à l’apprentissage de la lecture, et je sais pourquoi. Madame Ghislaine Wettstein Badour a écrit « Lettre aux parents de futurs illettrés » titre choc ! Quand je l’ai lu, j’ai enfin vu des mots décrivant ce que je fais depuis toujours.

J’imaginais que l’âge et l’expérience rendaient humble, que l’on découvrait au final la diversité du monde et des hommes et que l’ont apprenait à varier ses outils. Quelle erreur. Visiblement quand on devrait être à la retraite comme cette dame, on sait tout.

La suite du discours provoque le vertige. En vingt secondes, on nous explique les secrets de l’apprentissage de la lecture pour les enfants. Au tableau, le mot « lapin », accompagné d’un blabla confus dans lequel j’entends neurosciences et là le cerveau droit dit au cerveau gauche… et là dans la tête de l’enfant, ça fait clic ! (mais je comprends bien qu’au fond elle apprend aux petits que b-a à ba, il fallait les bien les neurosciences pour ça).

Enfermée dans une salle de classe... Vite ! Echapper à l'ennui !  Ainsi naissent les plus belles carrières en météorologie...(image : Twilight Sparkle, source inconnue)

Enfermée dans une salle de classe... Vite ! Echapper à l'ennui ! Ainsi naissent les plus belles carrières en météorologie... (image : Twilight Sparkle, source inconnue)

Attention, parents, maintenant, tremblez ! « Lettre aux parents de futurs illettrés » décrit la méthode qui marche pour tous les enfants, dans tous les pays. Car après 39 ans d’expérience, je sais. Les enfants qui ont des problèmes avec la lecture, deux ou trois ans après ils auront des problèmes avec les mathématiques, avec tout. Ça contamine tout, la lecture !

Prophétie d’apocalypse devant le parterre silencieux des parents, qui suivent avec politesse le déluge de vérités. Ça fait quinze minutes qu’on apprend que madame R* sait, qu’elle a de l’expérience, qu’elle supervise tout l’apprentissage de la lecture dans toutes les classes de l’école, qu’elle intervient en support à tous les niveaux. On entend parler des enfants (cette masse uniforme et générale de petits êtres qui fonctionnent tous pareil), du cerveau droit et du cerveau gauche qui se causent. Et les enfants de cette classe, pour lesquels tous les parents sont là dans le froid soir d’automne ? Ils sont sans doute comme les autres puisque c’est inutile de les mentionner.

Quand un enfant a des difficultés, on prend le temps, on insiste, avec la méthode, et ça marche. (je comprends : quand l’enfant n’entre pas dans le moule, insister avec le marteau, toujours le même marteau. Le marteau est bon, le moule est bon.)

La psychologie d’il y a trente ans est complètement dépassée, la psychologie d’il y a vingt ans est complètement dépassée… On vous parle de méthode globale… mais ce ne sont que des théories. Il n’y a qu’une seule méthode de lecture, c’est la méthode syllabique !

J’entends en imagination éclater la sonnerie des cuivres soulignant l’entrée en scène de la Révélation. Je n’ai aucune opinion sur la méthode syllabique, mais maintenant que je la vois ainsi auréolée de gloire…

Devrais-je avoir peur ? La conclusion devrait me rassurer : je suis au sommet de mes compétences, il est important que les enfants en profitent.

Comment prendre la parole après le conducator de la lecture ? J’ai de la peine pour la jeune mademoiselle […], la maîtresse. Tente-t-elle d’ouvrir la bouche ? La spécialiste revient pour un ultime salut, une dernière chose essentielle à mentionner… Des bribes de vérité ayant été saupoudrées sur le gâteau, Mme R.* quitte la salle, vous me permettez de m’esquiver. Je vous en prie.

Un peu de monotonie, un peu de paix ne nuisent pas après un tel feu d’artifice. L’institutrice nous explique d’une petite voix que la classe est gentille, studieuse et calme. Nous raconte les règles de vie de la classe (écrites dans le carnet, remis le premier jour), les nouveaux cycles scolaires (expliqués dans le carnet…), les évaluations, les absences, les petites règles de la petite vie scolaire. Les devoirs, la correction des devoirs[2].

Les objectifs de cette année et de la suivante (progressons doucement) :

En français, apprendre à lire, c’est le plus important.

Le lundi, les élèves avancent chacun à leur rythme, une page après l’autre, dans le livre de lecture (un machin vieillot et triste rempli de textes comme Une cane va à la mare. Luc suit la cane ; la cane vole ; Luc rit ; un canard arrive ; Luc fuit. Mais je sais grâce à qui vous pensez que c’est le bon livre.), puis, chaque matin, l’élève relit la dernière page travaillée du livre de lecture.

Autre objectif : écrire. On apprend à dessiner une lettre par semaine. Et un peu d’expression orale.

Objectifs en mathématiques, sur deux ans : savoir dénombrer jusqu’à deux cents, et faire des additions simples. On se contentera d’aller jusqu’à cinquante cette année.

Les autres matières : Connaissance et Environnement. Se situer dans l’espace, dans le temps, dans le monde. Observer la nature. Et un peu d’éthique et cultures religieuses, une fois par semaine, une matière qu’A. aime beaucoup, mais qui stresse les parents, à entendre les questions.

Deux périodes d’arts, deux de travaux manuels, deux autres de musique et chant, deux encore de gym et expression corporelle, plus on s’éloigne de la lecture, plus je sens mademoiselle […] à l’aise et heureuse avec les enfants. Rien de tout ceci n’est exaltant, mais il n’y aurait rien d’affolant s’il n’y avait la terreur de la lecture, soigneusement entretenue par le comité central et qui impacte jusqu’aux maîtresses.

L. (dont l’aîné, un garçon sensible, curieux et intelligent, a fait un blocage sur la lecture pendant trois ans sous l’influence de madame R*) pose une question d’un ton aimable : si un enfant n’accroche pas à la méthode proposée, essayez-vous autre chose ? La réponse est oui, bien sûr : on réessaye avec la Méthode, avec les procédés de secours prévus par la Méthode. Je vois.

On pose des questions, nous nous faisons annoncer les prochaines sorties, les projets d’activités culturelles, de ces choses qui mettent des relais dans l’année et convainquent A. d’aller « encore un peu à l’école ». J’écris un mot doux dans le cahier personnel de ma petite fille et je lui dessine le robot CX pendant que L. fait un dinosaure super beau dans celui de son petit garçon. Je visite la classe, regarde les livres de la bibliothèque (où l’enfant peut aller piocher quand il a fini sa corvée de lecture du matin), les jeux en libre service, les choses gentilles, je cherche à reconnaître le dessin fait par A. parmi ceux accrochés au tableau. Les murs sont bien nus… il fait un peu froid dans la salle. Je bois un verre d’eau à bulles, mange un petit gâteau, puis je m’enfuis et rentre à la maison, dans la brume.


[1] Comprendre : « une période de 45 minutes »

[2] A entendre les explications, de la maîtresse, j’ai l’impression qu’elle ne se rend pas compte que tous les parents présents ont regardé les devoir de leurs enfants et savent très bien de quoi elle parle.

Hormones et féminisme

On s’amuse bien quand on se plonge dans la question des relations entre le féminisme et le maternage. Surtout quand nos enfants deviennent ados.

Jusque dans les années 90, le féminisme avait à sa disposition deux grands courants. Caricaturons un peu :
– l’essentialisme : il y a une différence fondamentale entre un homme et une femme et le féminisme doit mettre en avant les qualités dont la nature a spécifiquement doté les femmes. En gros, nos différences existent, elles sont innées et il faut les mettre en valeur.
– le constructionnisme : il n’y a aucune différence fondamentale entre un homme et une femme et le féminisme doit faciliter l’accès aux qualités que la culture confère aux hommes. En gros, nos différences sont des pures constructions sociales et une femmes libérée doit avoir acquis les qualités considérées comme masculines.

Honey-Boo-Boo désole les féministes essentialistes autant que les constructionnistes

Honey-Boo-Boo met d'accord les féministes essentialistes et constructionnistes

Je parle ici en mon nom : aucun des deux courants ne me convient (pour le dire gentiment). Le premier est sexiste et tend à favoriser les discriminations dont sont victimes les femmes, même si je reconnais qu’il est nécessaire de se battre pour que les qualités supposément féminines (care, empathie, etc) soient mieux considérées. Le second a certes comme avantage de parvenir à réduire les discriminations, toutefois au mépris des qualités traditionnellement attribuées aux femmes, et notamment au mépris des besoins des enfants, qui sont alors considérés comme un outil social d’oppression.

J’ai bien dit que je caricaturais, ne sortez pas tout de suite les griffes, je sais que c’est nettement plus compliqué que ça. Déjà parce que les féministes constructionnistes en France sont imprégnées de psychanalyse et que la psychanalyse est ultra-essentialiste, ce qui rend toutes ces théories un brin chaotiques. Et que les essentialistes françaises sont imprégnées de marxisme, qui pose que l’oppression des femmes par les hommes est indispensable à l’établissement des classes sociales, un facteur d’entropie supplémentaire donc. Et puis il y de nombreux courants, sous-familles, etc, faut pas croire qu’on peut si facilement mettre le féminisme en cases…

Quand je vous disais qu’on s’amuse !

Tant que la discrimination sera réelle, les injustices statistiquement significatives et que les victimes resteront nombreuses, le féminisme sera nécessaire, et heureusement que la théorie des genres, soutenue par la biologie, est venue nous offrir des perspectives de nuances.

Merci à l'irremplaçable Catherine Opie de bousculer nos préjugés

Merci à l'irremplaçable Catherine Opie de bousculer nos préjugés

Quel rapport avec les ados ?
La pression sociale à distinguer les genres atteint des sommets quand nos enfants deviennent adolescents. C’est le sujet de notre “Stop à l’hypersexualisation”, un livre à mettre dans les mains de toutes les familles. Exemples : Une jeune fille fait une crise de nerf ? Nah, ce sont les hormones, ce sont toutes des hystériques (et surtout pas parce qu’elle aurait un motif légitime de mécontentement). Un jeune homme force une jeune femme a un rapport sexuel non consenti ? Rho, ce sont juste les hormones, il n’y peut rien le pauvre, tout le monde sait bien que quand les c***lles commandent, il faut obéir (et surtout pas parce que la culture du viol a fait partie de son éducation).

Maintenant, nier les hormones n’a pas aucun sens. Il suffit d’avoir vécu une fois un boost hormonal pour savoir que ces petites choses ont une influence majeure sur nous, certes certes… Comme le stress, le manque de sommeil, l’hypoglycémie, etc. Et oui, nous sommes des mammifères, la réalité physiologique est là. Et pendant l’adolescence, elle se fait entendre. Sauf que la réalité physiologique est nuancée, contrairement aux dogmes sexistes, et qu’une bouffée hormonale est quelque chose qu’on peut apprendre à vivre et utiliser en pleine conscience. Un apprentissage que nos beaux adolescents sont bien plus prêts à acquérir qu’on ne le croit parfois.

Sainte Marguerite d'Antioche, protectrice des femmes enceintes, chevauchant le dragon

Sainte Marguerite d'Antioche, protectrice des femmes enceintes, chevauchant le dragon

Et comme j’aime épicer de pop culture mes discours lénifiants, voici l’illustration parfaite de ce que je cherche à dire : Big Bang Theory, saison 7 épisode 2 [SPOILER ALERT].

Howard a pris du poids et se comporte étrangement. Bernadette découvre qu’il a reçu par erreur une forte dose d’œstrogènes. Elle lui dit “C’est donc pour ça que tu es bouffi, hyper émotif et particulièrement pénible”. Il répond “Mais toi, tu es remplie d’œstrogènes, et tu ne comportes pas comme ça”. Elle explique “C’est parce que je suis une femme, j’ai eu des années pour apprendre à chevaucher le dragon”.

L’intrication de la nature et de la culture en une seule phrase. Merci Chuck Lorre d’avoir réconciliés essentialisme et constructionisme.

“Der kinderlumper” ou comment les cartoons dénoncent la pédagogie noire

Il y a deux excellentes raisons de s’asseoir aux cotés des enfants quand ils regardent un dessin animé :

– On peut mieux comprendre ce qui les intéresse. Après tout, le partage du savoir et de la culture est d’autant plus agréable qu’il est réciproque*.
– certains dessins animés sont de véritables œuvres, construites, complexes, qui méritent d’être découvertes. Et mieux vous les connaissez, plus les échanges avec votre enfant sont passionnants.

A Little Snow Fairy Sugar, un anime tout public

A Little Snow Fairy Sugar, un anime tout public

Évidemment, le talent de grands artistes comme Miyazaki ou Ocelot est reconnu par les spectateurs de tous les âges. Mais demandez à un parent de citer trois scénaristes de dessin animés, vous risquez de n’obtenir qu’un silence gêné en réponse**. Pour l’immense majorité des créateurs de cartoons et d’anime, la reconnaissance par le public adulte reste limitée à la culture underground*** et/ou geek****.

Les Contes de la nuit, de Michel Ocelot

Les Contes de la nuit, de Michel Ocelot

Pourtant, nous aurions tort de ne pas accorder aux dessins animés la considération qu’ils méritent. Tout d’abord parce que, souvent très discrètement, et surtout pour les productions des quinze dernières années, les dessins animés véhiculent des valeurs puissantes et souvent subversives*****. Que ces valeurs soient en accord ou en contradiction avec celles qui vous tiennent à cœur, vous avez là matière à échange avec votre enfant.

C’est ainsi que je suis tombée sur une description parfaite de la pédagogie noire dans un épisode de Phineas & Ferb. Dans ce dessin animé, le méchant est le Dr Doofenschmirtz, un scientifique fou, solitaire, envieux, idiot et maladroit qui rêve de prendre le pouvoir à la place de son frère, le maire de la ville, qui est, lui, plein d’assurance, d’aisance sociale et de charisme.

Le dr Doof et Perry brisent le 4ème, un ressort comique très utilisé dans la série, avec le comique de répétition et un sens de l'absurde digne des Monty Python.

Le dr Doof et Perry brisent le 4ème mur, un ressort comique très utilisé dans la série, en conjonction avec le comique de répétition et un sens de l'absurde digne des Monty Python.

Dr Doof raconte, sans faire le lien avec sa situation actuelle, que sa mère lui chantait le soir la chanson du Kinderlumper, un monstre qui s’empare des enfants désobéissants. Là où les auteurs ont été subtils, c’est que les paroles de la chanson montrent que cette punition terrifiante est absolument arbitraire et strictement sans aucune justification ! Ainsi, le kinderlumper enlève les enfants qui “ont de la salive dans la bouche […] boivent un verre d’eau […] vont aux toilettes […] clignent des yeux”.
Maintenir l’enfant sous terreur, qu’il soit habité par la crainte de commettre un acte répréhensible, suivant des critères qu’il ne peut comprendre ni connaitre, voila la base de la pédagogie noire. Les auteurs vont plus loin : Dr Doof parle avec émotion de cette chanson vespérale, sans doute la seule manifestation d’attention de la part de sa mère, illustrant l’attachement au bourreau que ressentent les enfants maltraités. Et lorsque Dr Doof souhaite terroriser son frère en se transformant lui-même en kinderlumper, il se rend compte que leur mère chantait au petit frère une version très différente de la chanson, présentant le Kinderlumper comme un gentil personnage qui apportait affections et cadeaux aux enfants.

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L'enfance malheureuse de Heinz Doofenshmirtz

Si je voulais illustrer les différents aspects de la pédagogie noire en quelques minutes, je ne pourrais pas faire mieux ! Le tout sous un ton de comique grotesque qui rendra le message sans doute inaudible pour l’immense majorité des adultes qui ne prêtent de toute façon que peu d’attention à ce qu’il y a sur l’écran.
Phineas Et Ferb – song french – le kinderlumper… par kev77330

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*Ainsi, après que je me sois plongée dans l’univers du vlogger favori de ma fille, cette dernière s’est soudainement intéressée à mes discours (jusque là solitaires) sur l’architecture haussmannienne. Réciprocité, réciprocité…
** Eventuellement, il y aura le génial Marc du Pontavice pour les francophones, parce que son nom est bien mis en exergue, et Groening pour les Simpsons parce que c’est tout de même une institution. Si la personne a aimé Albator dans sa jeunesse, et Daft Punk dans sa moindre jeunesse, alors Matsumoto, sera peut-être nommé. Si il/elle est plus old school, on aura Grimault et Prévert pour “Le roi et l’oiseau”.
*** de moins en moins underground, voir l‘univers des bronies, qui constituent une populations de sans doute au moins 10 millions de personnes. Ah oui, quand même…
**** mention spéciale à “adventure time”, j’étais rebutée par le graphisme et le ton me paraissait à la limite du malsain, merci à mon fils de m’avoir fait comprendre la drôlerie poétique de ce bijou, plébiscité sur thinkgeek, c’est dire !
***** je pose l’hypothèse que c’est la création de Cartoon Network en 1992, avec son approche décalée et à double niveau de lecture, qui a stimulé la créativité du genre, du moins pour les productions occidentales qui étaient devenues ennuyeuses, les productions asiatiques étant nettement mieux considérées et donc plus (im)pertinentes depuis fort longtemps.

disponibilité de nos livres sur Amazon…

Vous l’avez peut-être remarqué, mais nos livres ne sont plus vraiment disponibles chez Amazon depuis presque 3 mois. Il s’agit apparemment d’une suite de dysfonctionnements incompréhensibles, lors d’une opération de changement de fournisseurs.
3 mois d’indisponibilité, c’est long. C’est long pour les auteurs qui s’inquiètent, à juste titre, de ne pas être correctement distribués, c’est long pour les clients qui n’ont pas le réflexe d’aller acheter sur des plate-formes indépendantes et se voient proposer des occasions à prix d’or, mais c’est surtout long pour nous, parce qu’Amazon représente une grosse part de nos ventes, et sans ces entrées, notre trésorerie s’asphyxie…
Nous espérons bien entendu que tout cela sera réglé très rapidement, mais en attendant… surtout n’oubliez pas de passer le mot, nos livres sont disponibles dans notre boutique en ligne (www.editions-instant-present.com), sans frais de port à partir de 11€, expédiés généralement dans les 24h.

J’ai trouvé cette image de Sylvain Mazas, ci-dessus, sur le site de la très chouette librairie rennaise consacrée au voyage : La Librairie du voyage Ariane.
Il vous est bien sûr aussi possible de commander nos livres en librairie (et nous vous encourageons bien sûr à le faire !). Certains libraires semblent avoir parfois des difficultés d’accès à notre catalogue, n’hésitez pas à nous communiquer leurs coordonnées, que nous puissions régler ce problème avec eux.
Merci !

pétition au gouvernement français : ne rendez pas l’accouchement à domicile impossible

Parce qu’il nous est évident qu’entraver la pratique des rares sage-femmes qui accompagnent les naissances à la maison est une atteinte certaine à la liberté fondamentale des femmes de pouvoir disposer de leur corps, à la liberté des parents de choisir les conditions d’accueil de leur bébé, à la possibilité de celui-ci de pouvoir naître dans la douceur et l’intimité de son foyer… défendons le droit de choisir son accouchement.

En France, il existe une obligation de paiement d’une assurance pour les sages femmes libérales. Pour celles pratiquant l’accouchement à domicile, le montant est prohibitif, ce qui les met dans l’impossibilité de le payer. Récemment, il leur a été signifié par l’Etat et l’ordre des sages femmes, qu’en exerçant ainsi et sans attestation d’assurance à présenter au 1er octobre, elles seront passibles de sanctions lourdes, telles que la radiation de l’ordre et ainsi l’interdiction d’exercer, avec la possibilité de sanctions pénales. La conséquence directe sera l’abandon de ces sages femmes de leur pratique des accouchements à domicile, privant ainsi les couples de leur droit de s’adresser au professionnel de santé de leur choix.

le lien de la pétition :
https://www.change.org/fr/pétitions/au-gouvernement-français-ne-rendez-pas-l-accouchement-à-domicile-impossible

le groupe Facebook correspondant : http://www.facebook.com/choisirsonaccouchement?hc_location=stream

un blog : http://choisirsonaccouchement.wordpress.com

et s’il était encore besoin de se justifier, un article parmi tant d’autres : La science encourage l’accouchement à la maison

Le Sénat interdit les concours de minimiss

L’information est tombée aujourd’hui, le Sénat a donc voté l’interdiction d’organiser ces concours de minimiss devenus légion aux Etats-Unis, lire l’article ici.
“Ne laissons pas nos filles croire dès le plus jeune âge qu’elles ne valent que par leur apparence. Ne laissons pas l’intérêt commercial l’emporter sur l’intérêt social”, a expliqué Chantal Jouanno en soulignant la nécessité de protéger les enfants. C’est en effet le thème de notre dernier livre de Tanith Carey, Stop à l’hypersexualisation, l’auteure apporte une aide concrète et efficace à tous les parents : avec lucidité et sans compromission, elle leur propose une réflexion approfondie et bienveillante, et une multitude de conseils très pratiques pour soutenir et accompagner nos filles.
La France se démarquera-t-elle donc sous l’impulsion de Madame Jouanno de cette société où l’hypersexualisation est un phénomène ‘normal’ ? A suivre… aux éditions l’Instant Présent, nous soutenons bien sûr cet amendement qui va dans le sens de la protection de nos jeunes filles, un petit pas, mais un pas tout de même.

“Entre leurs mains” cherche coproducteurs

Entre leurs mains

Entre leurs mains

La bande-annonce est un régal :

Les auteurs de ce film cherchent des fonds, il leur manque à ce jour 2310 euros, c’est-à-dire rien du tout comparé aux budgets habituels. On peut donner 10 euros, devenir officiellement co-producteur, et ça ouvre le droit de regarder le film en entier, ça les vaut !

Toutes les infos sont là :
https://www.touscoprod.com/entreleursmains