Ce livre est la traduction en français de The Natural Child : parenting from the heart, un recueil de chroniques écrites par Jan Hunt entre 1989 et 1999 pour le magazine canadien Natural Life. Il fait partie des livres qui font avancer par sa façon de présenter des réflexions, des situations, des extraits d’auteurs intéressants.
Notamment son “saisir le truc” dans son premier chapitre “Être parent avec empathie et confiance” :
Qu’est-ce que ça veut dire, quand quelqu’un ne saisit pas le “truc” ? Cela veut dire que cette personne s’est soumise à l’idée que les enfants sont fondamentalement différents des adultes. Cela veut dire qu’elle pense que les enfants fonctionnent selon des principes foncièrement différents de ceux qui régissent le comportement des adultes. Elle doit forcément penser cela : aucun adulte n’améliore son comportement lorsqu’on le critique, on l’insulte, on le frappe, on lui hurle dessus ou on le punit de quelque façon que ce soit. Les adultes se comportent tous de la manière dont ils sont traités ; tout le monde sait cela. Mais alors pourquoi tout le monde ne sait pas qu’il en va de même pour les enfants ? Comment se fait-il qu’on suppose que les enfants se conduiront mieux s’ils sont punis ?
Dans le 2e chapitre, “Vivre avec un bébé”, elle encourage logiquement à répondre aux pleurs du bébé et prône le sommeil partagé. Dans “Vivre avec un enfant”, elle poursuit ses propos sur la confiance faite à l’enfant, avec des conseils concrets (“Faire les courses”, ” Quand l’enfant pique une crise de rage”, “Dix conseils pour trouver un bon professionnel de santé”, “Être grand-parent de tout son cœur”).
Le 4e chapitre (“Guider les enfants”) approfondit sa “Règle d’Or du parentage” : “Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse”, où elle développe sa critique de toute punition, verbale comme physique (avec notamment “Dix alternatives aux punitions”). Elle aborde quoi répondre à “J’ai reçu des fessées et je ne m’en porte pas plus mal” et s’interroge (pour la critiquer) sur la contention : “Les dangers de la thérapie par le holding“. Les paragraphes suivants concernent “Les mots magiques doivent venir du cœur” et “Le problème des récompenses”. Dans “Complimenter nos enfants : manipulation ou célébration?” elle aborde cette question des compliments de façon nuancée :
Naturellement, nous devrions nous abstenir de formuler des compliments artificiels et manipulateurs, mais il existe des compliments qui jaillissent gaiement du cœur et qui donnent aux enfants ce dont ils ont le plus besoin : notre soutien aimant et authentique.
Le 5e chapitre, “Aider les enfants à apprendre”, intéresse les familles non-scolarisantes. Jan Hunt partage ses réflexions de maman non-sco, dont nous extrayons quelques points qui sont développés par l’auteur :
“Nourrir leur désir naturel d’apprendre”
- Les enfants sont naturellement curieux et ont un désir intrinsèque d’apprendre par eux-mêmes les choses du monde qui les entoure [puis elle cite John Holt, How Children Learn].
- Les enfants sont les mieux placés pour savoir comment s’y prendre pour apprendre quelque chose. […]
- Les enfants ont besoin de beaucoup de moments calmes pour penser. La recherche scientifique montre que les enfants qui ont une imagination fertile apprennent mieux et s’accommodent mieux des déceptions que ceux qui ont perdu cette capacité. Mais imaginer est une activité qui requiert du temps, et le temps est un luxe en voie de disparition dans nos vies. Les horaires d’école surchargés et les activités extérieures laissent aux enfants bien peu de temps pour rêver, pour penser, pour inventer des solutions aux problèmes, pour gérer des expériences stressantes, et simplement pour satisfaire le besoin universel de solitude et d’intimité.
- Les enfants n’ont pas peur d’admettre leur ignorance et de faire des erreurs. […] Les enfants apprennent en posant des questions et non pas en devant y répondre. Les bambins posent beaucoup de questions et les enfants scolarisés en font de même – jusqu’au CE2 environ. Au-delà, la majorité d’entre eux ont assimilé une triste évidence : à l’école, il peut être plus important pour sa propre protection, de dissimuler son ignorance d’un sujet plutôt que d’en apprendre plus et cela au détriment de sa curiosité.
- C’est la valeur intrinsèque de ce qu’ils apprennent qui procure la joie aux enfants. Il n’est pas nécessaire de motiver l’enfant par l’usage de récompenses extérieures comme des bonnes notes ou des bons points. Cela donne à croire à l’enfant que l’activité est difficile ou désagréable, sinon pourquoi une récompense qui n’a rien à voir avec le sujet serait-elle offerte ? Le parent avisé dit “tu prends vraiment plaisir à lire ce livre” et non “si tu lis ce livre, tu auras un cookie”.
- C’est dans l’interaction avec des personnes de tous âges que les enfants apprennent la meilleure façon de bien s’entendre avec les autres. […]
- Un enfant apprend mieux par lui-même. Quel parent dirait à son bambin “pose cette chenille et retourne à ton livre sur les chenilles”. Les enfants instruits à la maison apprennent par expérience directe. […]
- Les enfants ont besoin et méritent de passer beaucoup de temps avec leur famille. Un grand nombre de parents non-scolarisants pensent que la cohésion de la famille est peut-être le bénéfice le plus significatif de cette expérience d’instruction à la maison. […]
- Le stress perturbe l’apprentissage. Einstein écrivait “c’est une grave erreur de croire que le plaisir d’observer et de chercher puisse être induit par la contrainte”. Lorsqu’un bambin tombe en apprenant à marcher, on lui dit “c’était bien tenté ! Tu vas bientôt y arriver”. Quel parent bienveillant dirait “tous les bébés de ton âge devraient marcher ! Tu ferais mieux d’avoir appris pour vendredi !” La majorité des parents comprennent comme il est difficile pour leur enfant d’apprendre lorsqu’on les bouscule, qu’on les menace ou qu’on leur donne de mauvaises notes. John Holt a attiré notre attention sur le fait que “nous pensons mal, et même nous percevons mal, voire pas du tout, lorsque nous sommes anxieux et effrayés […] Lorsque nous faisons peur à un enfant, nous stoppons tout net le processus d’apprentissage”.
Jan Hunt se demande aussi “Quand la guidance devient-elle manipulation ?”
Beaucoup de parents non-scolarisants se demandent comment distinguer guidance et manipulation. En tant que parent fortement acquis à la cause du “unschooling” avec mon fils Jason, je me suis parfois demandé si je devais encourager certaines activités en dépit de son manque d’intérêt pour ces dernières, ou au moins rappeler à son attention les champs de connaissance qu’il avait mis de côté pendant quelque temps. Cela m’est souvent arrivé, notamment après avoir lu ou entendu l’histoire d’un enfant exceptionnellement sérieux qui avait excellé dans un domaine particulier, comme la musique par exemple. Dans ces moments-là, les écrits inspirants de John Holt me rappellent que la confiance est l’ingrédient fondamental d’un programme fait maison. Les enfants sont entourés d’informations de toutes sortes, issues des conversations, des livres, de la télévision, des films, d’Internet, des magasins, et de la nature.
Jan Hunt explique aussi “Pourquoi [elle est] contre l’usage des notes à l’école”, elle se demande si “[on doit] évaluer les enfants instruits en famille ?”. Dans cet article, elle tourne en ridicule le “souci” des législateurs :
Si les parents qui instruisent à la maison ne mesurent pas, n’évaluent pas et ne contrôlent pas les apprentissages, comment l’enfant peut-il savoir de lui-même quand passer au niveau supérieur ? Si nous demandions à un horticulteur comment une rose sait à quel moment elle doit fleurir, il ne pourrait répondre à la question car la détermination de ce moment miraculeux est précisément ce qui constitue cette graine. Le programme de développement intellectuel d’un enfant, tout comme l’épanouissement de la rose, est peut-être effectivement un processus mystérieux, mais qui néanmoins existe, et se construit en chaque enfant dès la conception. Il est inutile de l’imposer de l’extérieur et seul l’enfant y a un accès direct. Mettre en place une structure d’apprentissage artificielle est toujours moins fructueux que de simplement laisser l’enfant suivre son propre chemin. Il est dangereux de vouloir déterminer l’évolution de l’enfant, d’autant plus que cela n’égalera certainement pas le résultat obtenu par l’épanouissement naturel de ses centres d’intérêt et de ses capacités d’enfant.
Elle file cette métaphore végétale dans l’article : ““Troubles de l’apprentissage” : une étiquette handicapante.”
Imaginez que vous soyez en train de visiter une pépinière. Vous entendez un vacarme à l’extérieur et vous allez voir ce qui se passe. Vous trouvez un assistant en train de se démener avec un rosier. Il est en train d’essayer d’ouvrir les pétales d’une rose par la force tout en marmonnant sa frustration. Vous lui demandez ce qu’il est en train de faire et il vous explique que son patron veut que toutes les roses soient écloses cette semaine ; les plus précoces ayant été coupées la semaine dernière, il est en train d’ouvrir celles qui sont en retard. Vous protestez alors que chaque rose a son propre rythme de floraison et qu’il est absurde de tenter de le ralentir ou de l’accélérer. Une rose fleurira toujours au moment le plus favorable. Vous jetez un coup d’œil sur la rose et vous vous apercevez qu’elle est en train de se flétrir. Et lorsque vous lui en faites la remarque, on vous répond que cette rose souffre d’une maladie génétique, la “dysflorexie”, l’empêchant de s’épanouir et qu’il va falloir faire venir un expert.
Mais vous n’êtes pas d’accord : “C’est vous qui avez causé le flétrissement ! Tout ce que vous aviez à faire c’est de l’arroser, de lui offrir de l’ensoleillement, et de laisser la nature faire le reste !” Vous êtes sidéré par ce qui se passe. Comment se fait-il que le patron soit si déconnecté de la réalité et si peu informé sur la nature des roses ?
Bien sûr, vous n’assisterez jamais à une telle scène dans une pépinière. Malheureusement, cela arrive quotidiennement dans les écoles.
Enfin, le dernier chapitre lui permet de développer la défense de l'”attachment parenting“, notamment dans “Prendre le parti d’un enfant en public”.
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